Après onze ans de procédure les familles des marins disparus du Bugaled Breizh vont sans doute devoir lutter encore longtemps avant de savoir ce qui est arrivé à leurs proches, au large de l'Angleterre, en ce tragique 15 janvier 2004. L'avocat général, en réitérant lundi à Rennes la demande du non-lieu formulé en mai 2014, ne fait que confirmer la gestion obscure de cette affaire par les autorités françaises.
En effet, sans préjuger de ce qui a pu se passer le jour du naufrage, il est patent que la justice française et les autorités militaires de ce pays n'ont cessé de compliquer la recherche de la vérité. En prétendant tout d'abord qu'il n'y avait pas eu de man½uvres militaires ce jour-là, puis en contrant systématiquement, en 2006 et 2008, les hypothèses des juges d'instruction qui penchaient pour une accroche par un sous-marin, en tardant enfin à déclassifier, et en le faisant de manière partielle, les documents nécessaires à la découverte de cette vérité.
Cette triste saga judiciaire rappelle à quel point, lorsqu'il s'agit des intérêts militaires ou nucléaires, la République Française a peu à voir avec une authentique démocratie. Souhaitons que les avocats des familles du Bugaled Breizh puissent poursuivre leur combat, dussent-ils pour cela passer par un autre territoire européen. Il faut également rappeler que nous vivons en temps de paix, et qu'aucune autorité, quelle qu'elle soit, ne doit pouvoir faire obstacle à une pratique sereine de la justice.
Caroline Ollivro, présidente de Breizh Europa