Aboutissement de trois ans de travail, le livre consacré au quartier de Ben u Sen à Diyarbakir (Kurdistan de Turquie) sortira fin avril 2015 aux Editions de Juillet, un éditeur rennais spécialisé dans le livre de photographie. Ce projet soutenu et initié par les Amitiés Kurdes de Bretagne a débuté au printemps 2012 avec des ateliers photo animés là-bas par les photographes Gaël Le Ny et François Legeait. Deux stages avaient donné lieu à deux expositions, l'une à Rennes et l'autre à Diyarbakir, où les images réalisées par les enfants du quartier avaient suscité un réel engouement. Dès 2012, les deux photographes ont commencé, en parallèle, un travail de fond sur ce « geçekondu » (littéralement « construit en une nuit »).
Le quartier de Ben u Sen est un quartier auto-construit, niché au pied des remparts de Diyarbakir et surplombant la vallée du Tigre. Il abrite environ 18 000 personnes, pour beaucoup des réfugiés de l'intérieur venus des villages de montagne rasés par l'armée turque dans les années 1990. Mi-bidonville, mi-village, il abrite une communauté pauvre mais solidaire et autonome. Géré par le gouvernement turc, le plan de réhabilitation des remparts de Diyarbakir a d'ores et déjà profondément modifié le visage de la ville et annonce la fin prochaine de Ben u Sen. Comme d'autres quartiers populaires, déjà disparus sous les chenilles des pelleteuses, Ben u Sen sera en grande partie rasé et sa population vraisemblablement relogée, malgré les efforts de la mairie, dans des quartiers éloignés du centre. Gaël et François, accompagné d'Elie Guillou, chanteur, auteur-compositeur et pour l'occasion écrivain, ont regardé vivre cette petite communauté et portent sur Ben u Sen un regard sensible, mais lucide. Leur travail évoque à la fois une page de l'histoire contemporaine des Kurdes qui est en passe de se tourner et le phénomène de la gentrification, ou valorisation des centres-villes au détriment des populations les plus défavorisées, aujourd'hui à l'½uvre dans bien d'autres métropoles.
Mais l'avenir n'est pas obligatoirement irréversible, même si l'affaire est compliquée. Outil de communication et support à une réflexion sur la question kurde, le livre peut être commandé dès aujourd'hui au prix-souscription (inférieur de 5 ¤ au prix librairie) auprès de l'éditeur, en remplissant et retournant le bon ci-joint. La souscription permettra de financer l'impression de l'ouvrage. C'est donc un geste de soutien envers les auteurs et l'association qui ont beaucoup travaillé pour produire une ½uvre de qualité. C'est aussi une action concrète en direction du peuple kurde et, plus généralement, des populations les plus défavorisées. Dès aujourd'hui, remplissez le bon de souscription pour un ou plusieurs exemplaires. Pensez aux cadeaux que vous allez faire à vos amis !
André Métayer
Photo : F. Legeait