Les législatives anticipées de ce jour en Espagne ont vu le PSOE arriver en tête (122 élus), mais sans majorité absolue (176) pour pouvoir gouverner. Il devra donc former une coalition soit avec le centre droit Ciudadanos (57 élus), soit plus probablement avec la gauche radicale Podemos (42 élus). Mais même dans cette dernière hypothèse, il manquera à Sanchez 12 élus pour voter le budget par exemple. Des voix qu'il devra rechercher du côté des élus basques et aussi des catalans…
Nul doute que ceux-ci auront à cœur de négocier âprement leur soutien, d'autant plus que cinq de leurs élus (les plus connus, dont les deux Jòrdi et Oriol Junqueras ancien député européen et vice-président du gouvernement catalan) sont prisonniers politiques de l'Espagne sans jugement depuis plus d'un an.
Les résultats en Catalogne sont inédits. L'ERC indépendantiste a remporté largement cette élection. Il arrive donc en tête (avec 15 élus) pour la première fois dans une élection législative générale. L'ERC (parti de Junqueras), Jxcat-Junts (parti de Puigdemont) et En Comù Podem (section catalane de Podemos), tous trois favorables à un referendum d'autodétermination, totalisent près de 52% des suffrages et réunissent 29 élus de Catalogne au Parlement de Madrid, alors que le PsC et les partis de droite ensemble n'ont que 19 élus. Ces résultats sont d'autant plus remarquables que les Catalans ont voté à près de 78% (Par comparaison: en France on n'atteint péniblement que 42%!) A noter qu'à Barcelone même l'ERC arrive en tête, ce qui préfigure ce que seront les résultats des municipales du 26 mai prochain. Manuel Valls doit avoir quelques sueurs…
Le premier ministre espagnol Sanchez peut régler la question catalane par un référendum d'autodétermination négocié, ce qui se fait normalement dans une démocratie (Cf le Canada et la Grande-Bretagne). Plus largement il peut débarrasser l'Espagne des structures héritées du franquisme et changer la Constitution et le régime monarchique mis en place par Franco lui-même avant sa mort: il en a l'occasion et il aurait pour cela une majorité absolue au parlement (PSOE, PODEMOS, Catalans et Basques), mais les socialistes sont-ils prêts pour une fois à oser démocratiser l'Espagne?...
Si Madrid veut vraiment éviter la sécession de la Catalogne, le gouvernement espagnol doit s'orienter très vite vers la construction d'un Etat ibérique confédéral multinational, où des nations comme la Catalogne et le Pays Basque entre autres seraient des républiques autonomes dans le royaume d'Espagne… ou mieux dans un Etat républicain multinational. Une occasion à ne pas laisser passer aujourd'hui …
Jòrdi Labouysse