Le peuple est dans la rue et les préoccupations de la société civile actuelle sont telles, qu'évoquer les difficultés des vétérans des essais nucléaires - tant les faits sont anciens - pourrait paraître incongru. Et pourtant...
L'ANVVEN se faisant le réceptacle des interrogations et de la détresse de certaines familles, (car la liste des décès des travailleurs « sains » du nucléaire et de l'amiante s'allonge et surtout s'accélère), rassemble toute son énergie pour que justice leur soit rendue. Retracer ici le parcours douloureux de ces familles qui ont contribué au prestige de la France, serait bien trop indécent, et puis le militaire n'est pas homme à manifester. Mais de par cette attitude il est hélas aussi son propre adversaire.
C'est le moment de souligner le manque d'enthousiasme de notre corporation à se solidariser, on peut s'étonner légitimement dans une région à forte vocation maritime, que ce sujet n'ait pas résonné avec force, rue Yves Collet à Brest, afin de mieux focaliser l'attention des médias ; communiquer en interne n'est pas suffisant de nos jours, et un grand rendez-vous a été manqué. Les raisons sont-elles encore et toujours le devoir de réserve qui nous bâillonne éternellement, nous les retraités ?
Faute d'avoir élevé le débat dans la rue, une loi a minima, a vu le jour, mais cela ne signe pas la fin de l'histoire ; car on peut prédire sans grand risque de beaucoup se tromper qu'un grand nombre de ces vétérans n'auront plus la force d'affronter les experts, encore moins aller au devant de turpitudes administratives des tribunaux si ils ne rentrent pas dans un cadre irréfutable comme cela a été dit.
Quand on sait l'humilité des scientifiques au regard de l'impact du nucléaire sur la santé, un tel terme est péremptoire et inconvenant.
Certes la loi H. Morin existe mais elle n'est pas généreuse, il n'est que de lire son article 4 :
je cite « l'intéressé bénéficie d'une présomption de causalité à moins qu'au regard de la nature de la maladie et des conditions de son exposition le risque attribuable aux essais nucléaires puisse être considéré comme négligeable »
Donc retour à la case Départ : Tribunal des pensions militaires d'Invalidité - Autrement dit au terme de procédures longues et fastidieuses : Il vous faudra repartir de zéro....
Négligeable dixit Larousse : traiter comme quantité négligeable, ne pas tenir compte de leur existence, de leur opinion, estimer sans importance.
Les juristes auraient pu nous éviter cette ultime humiliation.
Pour se forger une opinion je vous recommande l'émission d'Élise Lucet du 2 décembre 2004 "Pièces à conviction" : "Les irradiés de la République", ainsi que "Essais Nucléaires : Quelles vérités" Bonobo productions Nathalie Barbe et Thierry Derouet
Je dédie cet article à la mémoire d'un camarade d'affectation, de la période des essais, malade et disparu récemment en trois mois seulement.....
Le Secrétaire ANVVEN – Hugues Rousee
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