Né à Camaret en 1928, le cinéaste breton René Vautier, est décédé ce matin à 86 ans à l'hôpital de Saint-Malo, a-t-on appris auprès de sa famille.
Réalisateur du film sur la guerre d'Algérie Avoir 20 ans dans les Aurès qui fut primé à Cannes, René Vautier fut le cinéaste le plus censuré de l'histoire du cinéma français. René Vautier fut un franc-tireur de l'anticolonialisme. Tourné en 1949, son film AFRIQUE 50 qui accusait les compagnies coloniales qui brutalisent les Africains avec la complicité du gouvernement français, fut interdit en France durant 50 ans.
Encore adolescent pendant la 2e Guerre mondiale, il rejoint la Résistance. Il sera décoré de la croix de guerre à l'âge de 16 ans. Dans les années 50, il rejoint le parti communiste, qui est alors le seul parti prônant la décolonisation et l'indépendance de l'Algérie.
En 1954, au moment où éclate l'insurrection en Algérie, il tourne un film à la Bibliothèque Nationale sur la conquête de l'Afrique du Nord à partir des textes des généraux datant de 1830. Son film Une Nation, l'Algérie, sera interdit et Vautier sera condamné pour atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat pour avoir dit dans le commentaire du film que les trois départements français que constituait la future Algérie allaient devenir indépendants (source wiki).
Puis, à la fin de l'année 1956, avec l'accord du FLN, il rejoint les maquis de l'Armée de Libération Nationale dans les Aurès-Nementchas. Il y passe toute l'année 1957, et le début de l'année 1958, filmant la réalité de la guerre. Il est important de préciser qu'il n'a jamais participé à aucun combat. Son fusil était sa caméra. Il y réalisera le film "Algérie en flamme" en 1958.
Avec Nicole et Félix Le Garrec, ils furent à l'origine de l'UPCB, l'Unité de Production Cinématographique de Bretagne, lancée en 1970. Une réussite. Vautier dira " “On avait comme objectif de faire en dix ans la démonstration qu'on pouvait faire du cinéma en région et que le cinéma en France n'est pas obligatoirement parisien. Au bout de dix ans, on s'est aperçu qu'on avait fait dix films de long métrage, que ces dix films avaient tous été sélectionnés pour représenter le cinéma français dans des festivals, que sept sur dix avaient été primés et que dix sur dix étaient interdits de diffusion télévisée en France.”
En 1973, il a mené une grève de la faim d'un mois pour protester contre la censure en France. La censure sera abolie en août 1974 et il y est certainement pour quelque chose !
Il a témoigné en faveur des membres de l'Armée révolutionnaire bretonne en 2004 lors du procès faisant suite à l'attentat de Quévert. «Je n'ai jamais eu aucun contact avec les mouvements clandestins», explique René Vautier. «Mais j'ai pris conscience des problèmes bretons, ceux des marées noires, des paysans, l'interdiction d'expression à la télévision...»
En 1998, René Vautier publie le livre « Caméra citoyenne » dans lequel il rassemble ses souvenirs de tournage, retraçant par là-même 50 ans de censure dans le cinéma français.
En février 1999, il décide de déposer une grande partie de ses films à la cinémathèque de Bretagne. Son dernier film est un documentaire sur la Bretagne Histoires d'images, Images d'Histoire, coréalisation avec Moïra Chappedelaine, 2014".
En 2000, il a reçu le collier de l’ordre de l’Hermine.
MAJ du 6 Janvier : Les obsèques auront lieu le jeudi 8 janvier à 14 heures au crématorium de Saint-Malo, rue de la Mare Litré. La famille demande de ne pas apporter de fleurs.