En 2010, l'agence de presse allemande DAPD (Deutscher Auslands Press Depeschendienst) avait déposé une plainte auprès de la Commission européenne au sujet des subventions illégales reçues par l'Agence France Presse (AFP) sous forme d'abonnements déguisés de l’État à hauteur de 115 millions par an.
Cent-quinze millions d'euros pour 350 abonnements – soit 40 % des revenus de l'AFP qui viennent d'abonnements de l’État. Personne ne sera surpris que l'AFP ménage l’État, voire le gouvernement. La preuve que ces abonnements sont des subventions déguisées est facile à voir puisque le coût de l'abonnement pour l'Union Européenne est seulement de 323.274 euros (35 fois moins). Le gouvernement allemand paye seulement 3,75 millions euros pour ses abonnements à DPA (Deutsche Presse Agentur) et à DAPD. Trente fois moins qu'en France.
Dans une lettre du 22 août, la Commission interroge la France sur ces abonnements dont les tarifs sont bien au dessus des prix du marché. La France a un mois pour répondre. Après, la Commission saisira la Cour de justice européenne.
Agence Bretagne Presse a dénoncé cette niche fiscale qui sert d'une certaine façon à contrôler les sources de la PQR (presse quotidienne régionale) et de la presse nationale ( voir notre article ) --sans parler de l'odieuse concurrence déloyale avec les autres agences de presse. Pire : AFP n'a même pas dans ses statuts une ambition de service public.
D'après l'agence de presse Reuters, si elle perd, l'Agence France Presse risque de devoir rembourser un milliard d'euros à l'État (10 ans de subventions illégales).
Philippe Argouarch