Lors de l'examen du projet de loi « Grenelle 1 », les députés ont adopté dans la nuit de mercredi à jeudi le principe d'une « éco-redevance » sur les poids lourds.
Partisans de cette taxe écologique, les Verts se sont réjouis de cette mesure. Il faut rappeler à l'instar du journaliste Guillaume Duval que « La France est à la fois un des pays développés où les impôts et cotisations sociales pèsent le plus lourd dans le PIB et un de ceux où les écotaxes sont les plus faibles ». On s'alarme sur l'absence de solutions alternatives. Or, l'écotaxe a justement vocation à favoriser la mise en place d'alternatives.
Malheureusement, cédant aux pressions des transporteurs routiers relayés par les députés de Droite, le Gouvernement a prévu des aménagements de la taxe en fonction de « l'absence de mode de transports alternatifs à la route ou de la situation géographique de telle ou telle région ».
Le MEDEF breton s'est mobilisé pour aboutir à ces reculs par rapport au texte initial. Raisonnant à courte vue, au prétexte que la Bretagne serait en situation de handicap, il refuse de préparer l'avenir de l'économie bretonne. Le texte prévoit que cette éco-redevance « pourra être prélevée à compter de 2011 et aura notamment pour objet de financer les projets d'infrastructures de transport ».
Plutôt que de combattre cette écotaxe, indispensable pour construire un nouveau mode de développement à haute valeur ajoutée sociale et écologique, il conviendrait de négocier le retour en région du produit de l'écotaxe prélevée localement. Ceci afin d'investir dans les modes alternatifs au tout routier : l'adaptation des infrastructures ferroviaires et maritimes, les plates-formes multimodales mer-rail-route, les opérateurs ferroviaires de proximité, le cabotage, le renouvellement du parc camions avec des véhicules moins consommateurs et moins émetteurs de CO2, le développement des centres de marchandises…
D'ici à 2011, il est tout à fait possible de prendre en considération les particularités de l'économie bretonne, notamment celles de la filière pêche. Pour s'adapter à la société de l'après-pétrole, le temps du réajustement est venu. Il est envisageable d'accompagner les entreprises du secteur routier et logistique vers une activité multi et intermodale.
La crise financière interroge sur la nécessaire régulation du capitalisme, la crise écologique interroge sur la régulation des activités polluantes. Avec la crise économique et sociale qui s'amorce, Il faut opérer un transfert de la fiscalité qui pèse sur l'emploi vers une fiscalité sur les activités polluantes. Cette recette fiscale permettrait aussi de soutenir la création de nouveaux emplois qui, de plus, seraient durables.
Marie-Pierre Rouger, présidente du Groupe des élu-e-s vert-e-s au Conseil régional de Bretagne