La justice turque s'est appuyée sur l'article 7/2 de la loi anti-terreur pour condamner Madame Leyla Zana à 10 ans de prison et pour réclamer, en appel, 45 ans, 55 ans supplémentaires ou plus – on ne sait plus très bien ! La prochaine audience est fixée au 31 mars 2009 prochain. En résumé, la condamnation à 10 ans de prison ferme a été prononcée par la 5e Cour pénale de Diyarbakir, le 4 décembre 2008, au motif que Mme Zana aurait fait l'éloge du PKK dans neuf discours. C'est pourquoi, en appel, s'agissant de neuf dossiers unifiés, le procureur a demandé 5 ans de prison pour chaque discours (soit 10+45= 55 ans!) mais il semble que la condamnation pourrait être encore plus élevée, le procureur ayant requis des peines supplémentaires pour le contenu du plaidoyer présenté par la défense ayant trait au discours prononcé le 21 mars 2007 à Diyarbakir à l'occasion des fêtes du Newroz (nouvel an kurde), ce qui ferait de Leyla Zana, à sa sortie de prison, une vénérable centenaire! En fait, Leyla Zana, dans ces discours, a demandé d'inclure, dans le processus de Paix, la participation du mouvement rebelle PKK connu sous le nom du Parti des Travailleurs du Kurdistan. : "Je soutiens la résolution pacifique de ces problèmes qui permettra au PKK de renoncer aux armes... Les bombes doivent arrêter de tomber du ciel.... Le peuple kurde a confiance dans le PKK qui, lui-même, se déclare prêt à déposer les armes si cessent les attaques qu'il subit, si sont données les garanties nécessaires, si sont reconnus les droits démocratiques ".
"Les Kurdes ne sont pas passionnément attachés à la guerre", a-t-elle également déclaré, "et si un projet venait à être lancé, les deux côtés étant prêts à trouver un accord, il n'y aurait plus, alors, de confrontation armée. Si nous voulons concertation et réconciliation, il faut, alors, s'adresser à tous les kurdes, et non seulement à certains d'entre eux" (discours prononcé à Londres en mai 2008, - conférence à Westminster).
Bien évidemment les poursuites judiciaires sont essentiellement pour des motifs politiques et on assiste sans doute à une surenchère entre l'AKP au pouvoir, parti islamiste dit modéré, qui tient le pouvoir législatif, et 'État 'profond' composé de nationalistes 'laïques' de gauche (!), de droite et d'extrême droite dont l'influence est prédominante dans l'armée, la police et la justice. Les élections locales, qui vont se dérouler le 29 mars prochain, vont être d'un enjeu capital, et le DPT (parti pro kurde : Parti pour une Société Démocratique ), qui détient déjà 65 villes de la région kurde de Turquie, a de fortes chances d'emporter une victoire 'historique'. Toutefois, les Kurdes craignent toutes les manœuvres d'intimidation, pouvant aller jusqu'aux arrestations et 'disparitions', aux fraudes et même aux achats des votes ; c'est pourquoi il demande aux Européens d'envoyer des observateurs. Avec ce procès, la Turquie a pris Leyla Zana en otage.
Signez, faites signer la pétition initiée par les Amitiés kurdes de Bretagne (AKB) et soutenue par de nombreuses personnalités
(voir le site) pour signer la pétition.