Avec la disparition de Youenn Gwernig le peuple breton perd un des grands acteurs de sa renaissance culturelle et intellectuelle. Il rejoint à Tir na Nog Anjela Duval, Xavier Grall, Per Jakez Helias, Glenmor, Polig et Zaig Monjarret.
Sculpteur mais aussi musicien (il participa à la fondation du Bagad Kemper), compositeur, chanteur, et encore poète, écrivain, homme de télévision (il dirigea les émissions en breton sur FR3 au milieu des années quatre-vingts), Youenn Gwernig était un artiste aux multiples talents qui aimait avant tout les rencontres humaines. Son roman "La Grande Tribu", dont le festival de cinéma de Douarnenez s'est inspiré pour baptiser sa section consacrée à la Bretagne, en est une belle illustration.
Expatrié aux États-Unis, le fils de Skaer incarnait cette Bretagne de l'Argoat qui mit si souvent les voiles vers le Nouveau Monde, poussée par la contrainte économique et l'appel du grand large. Après son retour définitif en Bretagne en 1969, il fit partager ses expériences américaines à ses compatriotes en témoignant de son amitié avec l'écrivain canadien d'origine bretonne Jack Kerouac, l'inspirateur du mouvement libertaire "beatnik", et en diffusant la culture folk. Breton du monde, humain de Bretagne, écrivant en breton aussi bien qu'en français ou en anglais, Youenn Gwernig sut donner à travers ses écrits et ses chansons une dimension universelle à la langue bretonne.
Youenn, "Just a traveller / Foeter-Bro" c'est le titre de ton dernier album. Toujours l'esprit du voyage... Puisque tu reprends la route, qu'elle te soit douce et légère et que les étoiles des "clochards célestes" guident tes pas. Kenavo.
Christian Guyonvarc'h, vice-président du Conseil régional de Bretagne, chargé des affaires européennes et internationales