Bien que cette consultation ait été interdite par Madrid, le « oui » massif à l'indépendance de la Catalogne exprimé dimanche 9 novembre, avec une participation conséquente, pose des questions auxquelles les États-Nations tels l'Espagne et la France ne pourront plus répondre par le mépris ou la menace.
Car cette évolution vers une Europe fédérale, construite à partir d'ensembles humains plus solidaires, semble pour beaucoup d'observateurs inéluctable. Né au XVIIIe siècle et vanté par Ernest Renan, l'État-nation, cette communauté de destin liant des peuples aux Histoires différentes, qui a donné corps à la France actuelle entre autres, est en effet remis en question de toutes parts.
La construction en cours d'une Europe encore très imparfaite, mais aussi la mondialisation invalident ce modèle parce qu'il ne répond plus aux attentes des peuples. Il n'est tout simplement plus à la bonne échelle, trop petit pour se défendre au niveau planétaire, là où l'Europe peut, elle, peser ; trop grand et trop coûteux à faire fonctionner pour que tous les territoires que contrôle cet État-nation puissent s'épanouir équitablement.
Ainsi les régions européennes périphériques, dont l'Histoire et les langues ont été confisquées depuis trop longtemps, ont compris que leur intérêt était de discuter directement avec Bruxelles. Elles ont compris également qu'elles pouvaient maintenir leur cohésion interne sans souscrire à des dépenses inconsidérées, telles qu'avoir à loger leurs dirigeants dans des palais, organiser régulièrement de coûteuses commémorations, financer des institutions à l'utilité mal définie (Sénat) ou des grands corps d'État dispendieux et archaïques (corps préfectoral entre autres).
Pour que l'avènement de cette nouvelle gouvernance, plus proche des territoires et des citoyens, en phase avec les enjeux d'aujourd'hui, devienne possible, il faut en parallèle que l'Europe prenne corps politiquement, et cesse d'être un simple espace économique et régulateur par trop libéral. Cette Europe de demain sait qu'elle pourra compter sur les Écossais, les Catalans, les Bretons, les Basques et bien d'autres pour se construire. Cette Europe fédérale, nouvel espace de libertés, dont l'idée était si chère à Victor Hugo, Winston Churchill ou encore Aristide Briand, est notre avenir.
Caroline Ollivro, présidente de Breizh Europa.