Il y a une vingtaine d'années, les responsables du tourisme avaient organisé "l'Année des châteaux de Bretagne" et mis particulièrement en valeur ce riche patrimoine par des publications, des animations, des concerts et de nombreuses autres initiatives. Les Bretons et les visiteurs de la Bretagne avaient alors découvert qu'il existait encore plus de 4 000 châteaux et manoirs dans l'ensemble des cinq départements bretons.
Certains appartiennent à des villes comme le château des ducs de Bretagne à Nantes, le château d'Ancenis, celui de Châteaubriant, celui de Châteaugiron, celui de Clisson, celui de Fougères, celui de Saint-Malo, celui de Vitré; d'autres sont la propriété de départements comme ceux de Kerguéhennec et de Suscinio dans le Morbihan, ceux de Kerjean et de Trévarez dans le Finistère ou encore La Roche-Jagu dans le Finistère ; beaucoup sont la propriété de familles comme celui de Josselin qui fête cette année son millénaire, celui de Pontivy (qui appartient toujours aux Rohan mais qui est loué pour un montant symbolique d'un euro par an à la Ville, celui du Plessis-Josso, en Theix, le fort La Latte, La Motte-Glain et des centaines d'autres qui sont des témoins remarquables de l'histoire bretonne.
Beaucoup ont disparu au fil du temps, certains menacent ruine, d'autres ne nous ont laissé que quelques pans de murs. L'entretien de ce patrimoine est fort coûteux et il faut saluer les collectivités publiques et, plus encore, les particuliers, qui consacrent beaucoup de temps et d'argent à restaurer et entretenir ce patrimoine, plus fragile qu'on ne le croit. Certains de ces sauveteurs viennent parfois de loin et c'est ainsi un magnat russe qui restaure aujourd'hui le château de Beaumanoir, au Leslay, près de Quintin (où Roman Polanski tourna une partie de son film "Tess" en 1979).
Un des chantiers de restauration les plus remarquables de ces dernières années est sans aucun doute celui du manoir du Bois-Orcan, entre Châteaugiron et Noyal-sur-Vilaine, dans un beau cadre de verdure. Ce domaine qui était occupé, il y a encore une vingtaine d'années, par une exploitation agricole, a été acheté, il y a 18 ans, par un haut cadre dirigeant de la société L'Oréal, premier groupe mondial de cosmétiques, qui a consacré une fortune à sa restauration et à sa mise en valeur. Le résultat est spectaculaire.
Le Bois-Orcan est un manoir des XIVe et XVe siècle qui a d'abord appartenu à une famille noble jusqu'en 1398. Il a été racheté en 1474 par Julien Thierry, un négociant qui fut maître des monnaies de Bretagne et argentier du duc François II, puis de sa fille Anne. À côté du manoir lui-même, entouré d'une basse-cour et de douves, il y a une chapelle et des bâtiments agricoles, grange et écurie. On a reconstitué un jardin médiéval, baptisé "Fontaine de vie", avec des plantes cultivées au Moyen Âge. Un peu plus loin, sur 3 hectares de prairies, on a créé un parc de sculptures monumentales présentant des œuvres d'Étienne Martin (1913-1995). La restauration des bâtiments engagée dans les années 1990 est pratiquement achevée aujourd'hui.
Dans la demeure seigneuriale elle-même où rien ne subsistait évidemment du mobilier d'origine, on a constitué des collections de meubles et objets du Moyen Âge, tous authentiques et acquis à prix d'or à travers la France, l'Europe et le monde, qui forment un ensemble unique, comparable aux collections du Musée de Cluny, à Paris, consacré au Moyen Âge. L'ensemble permet de mieux connaître l'art de vivre chez les seigneurs au temps d'Anne de Bretagne.
Cet ensemble exceptionnel (dont Guénolé Allain, de Vitré, est le régisseur) n'est ouvert à la visite que pendant l'été. Il ouvrira ses portes mardi prochain, le 8 juillet, et les refermera le dimanche 7 septembre. Il est ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 10 à 12 heures et de 14 h 30 à 18 h 30.
Pour plus d'informations, on peut téléphoner au 02 99 37 74 74 ou communiquer par internet : contact(AT)bois-orcan.com