Né à Morlaix en 1763, Jean Victor Moreau est un des grands hommes de l'histoire de Bretagne qui mérite vraiment d'être beaucoup mieux connu de tous.
Fils d'un avocat de Morlaix, il vint étudier le droit à Rennes et il était prévôt des étudiants en 1788 et 1789 quand l'agitation pré-révolutionnaire se développa dans la ville à l'annonce de la tenue prochaine des États-Généraux. Il vit couler le premier sang de la Révolution et prit lui-même une part très active à la résistance du Tiers État contre la Noblesse. Il créa une compagnie de la Garde Nationale, présida la fête de la Fédération en janvier et février 1790 à Pontivy et ensuite s'engagea et rejoignit l'Armée du Nord à la tête d'un bataillon de volontaires du Morbihan.
Il dut à son courage et au soutien de Pichegru, sous les ordres duquel il servit, un avancement rapide : en 1793, à 30 ans, il parvint au grade de général de brigade et, en 1794, à celui de général de division.
Il combattit en Hollande et, en 1795, il prit le commandement de l'Armée du Nord et, en 1796, celui de l'Armée du Rhin et de la Moselle. Il franchit le Rhin, s'empara de Mayence, puis de Kehl, battit les Autrichiens à Heydenheim et dépassa le Danube, mais en 1797, il fut déchargé de son commandement pour avoir tardé à informer le Directoire des agissements anti-républicains de Pichegru.
Il retrouva cependant un commandement en 1799 à la tête de l'Armée d'Italie, puis, revenu à Paris, il coopéra avec le général Bonaparte pour son coup d'État du 18 Brumaire. Nommé commandant des Armées du Rhin et d'Helvétie, il remporta le 3 décembre 1800 la belle victoire d'Hohenlinden. Une des plus belles qualités de Moreau, outre son courage et sa grande habileté tactique, fut sa farouche volonté de préserver le plus possible la vie de ses soldats et de privilégier toujours des actions entraînant le moins de pertes possibles. Sa popularité et son désaccord croissant avec Bonaparte en firent un rival dangereux pour ce dernier.
La Conspiration de Cadoudal et Pichegru servit de prétexte en 1804 pour le faire arrêter, rayer de l'armée et condamner à deux ans de prison, mais, plutôt que d'en faire un martyr, Napoléon préféra en définitive l'éloigner et Moreau fut autorisé à passer en Amérique en 1805. Il y passa huit ans, puis le tsar Alexandre Ier l'appela à son service comme conseiller et c'est à ses côtés qu'il fut mortellement blessé par un boulet français lors de la bataille de Dresde le 27 août 1813. Il mourut quelques jours plus tard, le 2 septembre, à Lauen, et eut droit à de prestigieuses obsèques à Saint-Petersbourg dans l'église catholique de la capitale russe, Sainte-Catherine, où l'on peut toujours voir son tombeau.
La vie de Moreau a inspiré déjà plusieurs biographes, en particulier Pierre Savinel, auteur de « Moreau, rival républicain de Bonaparte » (Ouest-France, 1986, 286 p.) et Frédéric Hulot, auteur du livre "Le général Moreau, adversaire et victime de Napoléon" (Pygmalion 2001, 235 p.).
C'est un livre encore plus important qui vient de sortir récemment des presses de l'imprimerie Cloître à Saint-Thonan, près de Landerneau : « Victor Moreau, général, citoyen méconnu de France et d'Europe » (512 pages, 30 €). Ce livre se distingue des précédentes biographies de Moreau par l'exploitation que l'auteur, Marcel Coz, a faite des sources américaines.
Marcel Coz n'aura malheureusement pas vu paraître son livre car il nous a quittés en 2005. Son propre parcours aura été tout à fait remarquable lui aussi. Né à Sibiril en 1921, Marcel Coz était le fils d'un officier de marine. Ses parents vinrent s'installer aux portes de Brest, à Lambézellec, et il put faire de solides études au lycée de Brest, puis au grand séminaire à Quimper.
De 1941 à 1954, il fut professeur successivement dans plusieurs collèges catholiques, à Brest, à Morlaix, à Rennes, puis à nouveau à Brest, à Charles de Foucauld. De 1954 à 1966, il fut professeur de mathématiques et de sciences à l'Université catholique de l'Ouest à Angers et c'est là qu'il prépara un doctorat d'État en sciences, époustouflant les membres du jury lors de sa soutenance.
En 1964, il obtint une bourse pour aller étudier au Massachusetts Institute of Technology (le fameux M.I.T.). Il se maria en 1966, puis, tout en étant attaché au CNRS (Orsay) de 1966 à 1971, il partit enseigner à l'Université de Chattanooga (Tennessee), puis en 1967 à l'Université du Kentucky, à Lexington, où il avait été engagé comme professeur de physique nucléaire théorique. Il y resta jusqu'à sa retraite, terminant sa carrière comme professeur émérite en 1990.
Il partagea ses années de retraite entre les États-Unis et la Bretagne, où il s'était fait construire en 1975 une maison, à Guissény. Marcel Coz mourut en 2005 et fut enterré dans le cimetière de Lambézellec.
Son livre peut être commandé par internet auprès de sa veuve, Madame Sigrid L. Coz, au prix de 30 euros, port compris : scoz2(AT)wanadoo.fr