Pour la sortie du "Kanerien Kemperle 3 : kost'an aod" les principaux acteurs de ce collectage étaient présents à la médiathèque de Clohars.
Ils sont une trentaine à écouter ceux qui ont travaillé pendant un an à la réalisation d'un livret de cinquante pages et d'un CD, réunissant des titres inédits, enregistrés pour certains dans les années 1970, tandis que d'autres l'ont été dans les derniers mois auprès de dames des communes de Moelan et Riec, mais aussi lors du pardon de Lanriot, dans la chapelle saint David de Quimperlé, auprès d'enfants et d'adolescents à l'école Diwan...
L'originalité du livret réside dans les deux importants fonds des collectages de Guy Pensec et Anne-Marie Colomer qui ont collecté à Riec, Bannalec, Nevez, Pont-Aven et Le Trévoux pour l'un, Clohars et Quimperlé pour l'autre.
Ils ont passé beaucoup de temps auprès de nombreuses personnes, surtout des femmes et ils ont pu récolter des chants avec des paroles voisines, mais des airs différents, comme le "Plac'h Molan" qui montre un pauvre amoureux éconduit avec le pantalon en lambeaux à cause du chien de la maison, qui ne reviendra pas de sitôt dans la commune de Moëlan... On trouve ici une version étrange de "Mab ar brigant", un conte facétieux "Ui kazeg".
Deux contes du Roman de Renart, des chants à danser (an dro "Ma lakezeg", laridé "Me 'meus choazet ur vestrez") et des formules savoureuses comme celle que Denise Le Franc, présente dans la salle, a entendu petite quand il tardait aux ramasseurs de pommes d'être servis en cidre :
" trist, trist, trist
dastum avaloù 'nim tamm chistr
brav brav brav
dastum avaloù 'nim tamm glav".
Dans la salle, la jeune Lila, en Cm2, chante avec Anne-Marie, menant la chanson du jeune homme éconduit. Guy Pense raconte comment il a collecté "moins ordonné qu'Anne-Marie, avec ses cahiers et ses notes". Mais le coeur y est, la passion d'écouter, d'apprendre des formules, de rire avec ces dames pleines de malice que l'on retrouve dans le cd.
Tout comme pour Michel Phelipot, le grammairien du breton oral de Moëlan, qui se prête à une leçon sur les différences entre Clohars, et surtout entre le breton littéraire et standard et celui "archaïque" de Moëlan. Ici on ne dit pas "ya", mais "yé", on accentue sur "bré-honeg" et pas sur l'antépénultième, ... on pourrait rester des heures...
Mais il est temps de prendre le goûter, et un petit morceau de gâteau préparé par Anne-Marie. Convivialité, projets futurs, et diffusion du livret pour que d'autres s'en emparent, chantent, apprennent, enseignent, s'amusent de cette langue riche et étonnante...