Le 28 juin 2014, la Bretagne a clamé haut et fort sa volonté unanime du retour en son sein de la Loire-Atlantique. Elle a puisé dans ses racines celtes une source jamais tarie, mais dont la résurgence a jailli, tumultueuse, charriant les espérances déçues, la colère débordante, l'amertume insoutenable.
En ce jour mémorable, la manifestation a battu tous les records, celui de la mobilisation des Bretons, celui de la portée des vérités assénées comme autant de professions de foi par les intervenants, celui de vecteur de transmission de l'identité bretonne, inaliénable, vers l'hexagone, l'Europe, le monde entier. La Bretagne a gagné ce jour-là ses galons de puissance invincible car soudée dans toutes ses composantes en un seul bloc.
Les hommes politiques de toutes tendances, les artistes, les associations culturelles, se sont exprimés librement dans la tribune qui leur était offerte. Plus de tabous, plus de craintes, plus de tergiversations ! Les paroles prononcées tintèrent d'un son clair, dénué d'ambiguïté, d'une acuité inégalée depuis plusieurs années.
Pourquoi cette cohésion aujourd'hui entre toutes les tendances politiques, tous les courants de la pensée bretonne ? Parce que l'état d'urgence est proclamé ! Les clivages sont dépassés, surpassés par l'impérieuse nécessité de l'union.
A la satisfaction du chemin parcouru s'ajoute l'avènement constructif de nouveaux ralliements à notre cause, dont celui de la « Coordination des Juristes bretons ». Nous atteignons un degré de l'échelle élevé dans le domaine de la cohésion culturelle, économique et sociale. Nous ne devons pas, sans déroger, nous endormir sur nos lauriers, mais, forts de nos fondations, rebâtir l'édifice, colmater les brèches, relier les différents pôles économiques, culturels, politiques, artistiques, d'un ciment inaltérable. Fiers des succès obtenus, nous devons consolider les acquis, poursuivre nos objectifs.
J'ai lu dans l'Agence Bretagne Presse les commentaires de Bretons qui s'interrogent sur l'existence de structures bretonnes, aptes à les mener, après la réintégration de la Loire-Atlantique dans notre territoire ancestral, sur la voie d'un nouvel âge d'or.
Or ces structures existent, se sont engagées délibérément en faveur de la réunification du pays. L'Institut culturel de Bretagne, organe émanant directement de l'action du CELIB (Comité d'étude et de liaison des intérêts bretons) comme de la Charte culturelle bretonne de 1977, agissant dans nos cinq départements, jamais disqualifié par la voix populaire et Bretagne Culture Diversité, organe adoubé en 2010 par le Conseil régional de Bretagne, présidé alors par Jean-Yves Le Drian. Ces deux instruments culturels revêtent bien des points communs mais se révèlent également complémentaires, riches de leurs indéniables différences. En évinçant l'ICB et en le remplaçant par BCD comme partenaire officiel, bénéficiaire des subsides régionaux, Jean-Yves Le Drian a risqué de diviser les forces culturelles. Il a échoué. Les deux organismes se respectent et vivent en bonne intelligence. Dans la Bretagne de demain, selon mes modestes v½ux personnels, les aides matérielles seront destinées aux deux acteurs culturels, travaillant comme aujourd'hui dans la sagesse, main dans la main.
Les fondations de la Bretagne bénéficient d'une armature solide, d'une charpente harmonieuse, développée autour d'un centre prestigieux, celui de la pensée bretonne, qui fuse de toutes parts, se régénère à chaque instant et produit des miracles d'ingéniosité. Les creusets de la pensée se nomment chez nous : Institut de Locarn, Cercle Pierre Landais, Breizh Impacte, sur lesquels se greffent des universités populaires de philosophie bretonne et de merveilleux celtique.
Dans ces « think-tanks » bretons, la pensée n'est ni statique, ni stérile, mais fertile en projections sur notre avenir, en élaboration de scénarios divers, selon le cours de l'histoire. La pensée bretonne féconde tout, des organisations culturelles aux tenants de la politique en passant par la sphère économique qui intègre, depuis la création de l'association « Produit en Bretagne », les cinq départements constitutifs. Installer la pensée bretonne, créative et innovante au coeur d'un système viable, garant de justice, de bien être social, d'essor culturel, linguistique, voilà la vocation comme l'ambition des organes, à l'instar du Cercle Pierre Landais, qui, objectivement, partent du diagnostic présent, réel, pour envisager grâce à l'étude des données de prospective et de géopolitique adaptées à nos préoccupations, des lendemains meilleurs.
En outre, les diverses associations culturelles bretonnes militent sans relâche pour la défense de nos droits essentiels, ne baissent jamais pavillon, la vigilance hissée à la proue de leurs actions.
Si je compare l'état de léthargie qui prévalait encore voilà quelques décennies, à l'éveil des Bretons d'aujourd'hui, je mesure les gains obtenus dans la prise de conscience de nos droits, la connaissance de notre histoire réelle et la détermination à nous réapproprier nos langues, notre culture, notre territoire ancestral.
Face aux inéluctables tentatives de manipulations perverses de nos adversaires, la seule parade consiste à pointer du doigt les sondages ou les témoignages mensongers. Ils sont reconnaissables car ils font l'impasse sur l'option de la réunification de la Bretagne, la nient implicitement ou la vouent aux gémonies.
La quintessence de la pensée bretonne vibre à l'unisson de son peuple, brille d'une clarté fulgurante qui transperce les miasmes opaques de l'indigne attitude gouvernementale. Alors, non, la Bretagne n'est pas démunie d'une ossature ferme sur laquelle se greffera la chair des actions, des victoires, des avancées sociales, politiques, linguistiques, culturelles, voire même scientifiques. Concentrée sur ses atouts pour mieux s'ouvrir à l'Europe comme au monde entier, la Bretagne réserve à ses enfants d'heureuses perspectives.
Nolwenn le Gac
Valeurs bretonnes