Le propos de Vladimir Poutine a été restitué par Emmanuel Macron après un entretien téléphonique : « par la guerre ou par la négociation, la Russie ira au bout de ses objectifs ».
Le plus grand danger serait qu’il y parvienne !
Après un départ chaotique et s’être heurté à une détermination ukrainienne mal évaluée, la machine de guerre russe avance désormais au rythme d’un rouleau compresseur que rien ne semble pouvoir arrêter. Certes les sanctions internationales ont isolé la Russie au-delà de ce qui avait été anticipé, mais les effets seront de long terme et, dans la logique de Poutine, une victoire écrasante de son armée pourrait même permettre d’en abréger les effets. Elles ne le feront donc pas reculer, du moins dans l’immédiat.
Car la résistance ukrainienne, aussi héroïque soit-elle, est en situation de faiblesse manifeste. La raison principale en est que la maîtrise du ciel appartient à la Russie.
La stratégie est alors simple pour les généraux russes : bombarder à loisir les postes de défense anti-aérienne, les bases aériennes d’où pourraient décoller les avions et drones ukrainiens encore aptes à riposter, détruire à coups de missiles les verrous défensifs barricadés défendus par les chars ukrainiens, les dépôts pétroliers ou les centrales électriques, puis, une fois le terrain déblayé, lancer l’assaut terrestre en encerclant et en acculant les troupes ennemies dans des réduits de plus en plus restreints.
Le travail est d’autant plus facile qu’il est accompli par des missiles balistiques et des missiles de croisière qui sont tirés à des centaines et même milliers de kilomètres, depuis le territoire russe, ou encore depuis la flotte stationnée en Mer Noire. Le travail est complété ensuite par des bombardiers. La seule défense efficace est alors l’interception pour que le missile explose en vol, mais les défenses bombardées y arrivent de moins en moins au fur et à mesure de leurs destructions, et le rouleau compresseur se met alors en marche, ville après ville, selon le plan de l’état-major russe qui, au final, ne sera contrarié qu’en termes de délais.
Dans cette feuille de route russe il y a, notoirement, l’exécution du Président ukrainien, Volodymyr Zelenski. D’après les informations qui ont filtré, un missile dirigé vers lui a été détourné in extremis par la défense anti-aérienne, un commando « tchétchène » du tyran de Grozny Ramzan Khadirov a été intercepté et abattu au moment de son assaut, et un groupe de combattants de la milice Wagner a connu le même sort. Et cela en trois semaines à peine, ce qui illustre à la fois à quel point la résistance ukrainienne est forte, mais aussi combien son avenir est fragile.
L’intervention par visio de Volodymyr Zelenski durant la session du Parlement Européen a été un moment de grande émotion, et l’appel à l’aide du Président ukrainien était avant tout un appel à le soutenir contre le déluge de bombes que Moscou fait pleuvoir sur son armée.
Sa demande à l’OTAN de décider d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine a été refusée car elle provoquerait une extension considérable du conflit. Cependant plusieurs signes montrent que le problème est pris en considération. Poutine lui-même a accusé les voisins de l’Ukraine d’avoir donné refuge aux avions ukrainiens qui ont réussi à échapper à ses bombes, et il a menacé de les considérer comme des « pays belligérants ». Autre information capitale, celle de la mise à disposition des aviateurs ukrainiens d’avions MIG de même fabrication que ceux qu’ils pilotent habituellement, dont la Pologne, les Pays baltes, la Tchéquie et les ex-pays de l’Est disposent en héritage de l’ancienne Union Soviétique, les USA pourvoyant à leur remplacement par des avions de même génération que ceux qui ont été acquis depuis l’entrée de ces pays dans l’OTAN.
Si elles sont activées réellement et fortement, ces mesures pourraient atténuer le déséquilibre des forces de cette guerre, et mener à la recherche d’un cessez-le-feu, puis d’une négociation.
Sinon le rouleau compresseur écrasera méthodiquement la résistance ukrainienne, ouvrant rapidement la porte à l’invasion, tôt ou tard, de nouveaux territoires européens. Pays baltes, Moldavie, Géorgie : aucun de ces territoires ne dispose du réservoir d’habitants leur permettant de résister à l’armée russe comme le fait actuellement l’Ukraine. Ils seront les prochaines cibles.
Ne pas laisser Poutine aller « au bout de ses objectifs » en Ukraine est le seul moyen d’empêcher un destin funeste qui, en Europe, ne frappera pas que les Ukrainiens.
Ce communiqué est paru sur François Alfonsi
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