Communiqué de 16 h 52 le 24 novembre
Ambiance canarienne aujourd'hui à bord de Banque Populaire qui au matin du deuxième jour de course a salué l'archipel espagnol. Les montagnes russes générées par une mer formée sur les premières heures de navigation dans ce Trophée Jules Verne ont laissé place à des conditions plus confortables, permettant ainsi aux hommes du bord de faire un bilan de santé global de la machine. Mais pour Loïck Peyron et ses hommes, cette journée de jeudi est d'abord et surtout marquée par un premier choix stratégique, consistant à aller chercher à l'ouest de quoi faire du sud...
À suivre un bateau tel que le Maxi Banque Populaire V lancé en pleine tentative pour battre le temps de référence du Trophée Jules Verne, quelques mauvaises habitudes se prennent. Ainsi, depuis 48 heures, Loïck Peyron et ses comparses avaient-ils habitué leurs supporters à des vitesses souvent supérieures à 30 nœuds et des moyennes oscillant entre 27 et 29 nœuds.
Petite “révolution” ce matin, les Canaries sont venues asséner un léger coup de frein dans la progression du trimaran géant, qui garde toutefois des performances plus que soutenues. Contacté à l'occasion de la vacation du jour, le skipper baulois évoquait avec sa bonne humeur habituelle le changement de rythme et surtout le parti à en tirer pour le bien-être de la monture :
" Nous sommes sous le soleil des Canaries. Ça ne sent non pas les alizés, mais les Tropiques ! Le vent et la mer se sont calmés, un peu trop d'ailleurs, ce qui nous permet de faire un check complet du bateau et de ses organes vitaux. Nous allons passer la journée à l'inspecter de haut en bas. En fin de journée, après l'empannage prévu, Florent Chastel, notre spécialiste de la voltige et du gréement fera une ascension dans le mât. Nous faisons ce tour complet un peu en avance par rapport au planning initial, mais comme ça a pas mal tapé ces dernières heures, c'est bien de le faire maintenant ".
On ne le dira jamais assez, en matière de navigation, le chemin le plus court d'un point à un autre est rarement la ligne droite. Après 48 heures de mer depuis leur départ de Ouessant, Loïck Peyron et ses équipiers s'apprêtent à nous en faire la démonstration. Ainsi, les prochaines heures vont-elles voir les marins de la Banque de la Voile observer une trajectoire à 90° de la route du sud. Acceptant de perdre maintenant pour gagner plus tard, c'est à l'ouest que les hommes vont en effet aller chercher leur salut et surtout se mettre en quête d'une rotation du vent à l'est. L'empannage, programmé en fin d'après-midi, viendra mettre un terme à cette “perte” momentanée, les relançant sur la voie du sud :
" Nous allons perdre un peu de terrain pendant quatre heures et faire de l'Ouest pour retrouver une meilleure force de vent, mais surtout un meilleur angle. Nous allons sacrifier un peu de milles, mais c'est un investissement. Il y a un anticyclone dans le nord-ouest et nous allons longer sa bordure sud. Actuellement nous avons des vents de nord-nord-est et l'idée est d'attraper des vents d'est, ce qui va nous permettre de faire un meilleur cap pour descendre. Cette trajectoire nous permet également d'éviter le dévent des Canaries et de retrouver un vent plus régulier dans le sud des îles. Il faut donc se dire qu'il va y avoir trois ou quatre heures à patienter, au cours desquelles nous allons progresser de zéro mille vers le but, mais ne vous inquiétez pas trop ! "
Passées les Canaries et leurs pièges ayant retenu nombre de marins dans leurs filets, le Maxi pointera ses étraves vers l'Équateur, premier point de passage intermédiaire inscrit au tableau général de marche. Loïck Peyron et ses hommes y seront-ils en avance ou en retard, la question n'avait pas l'air de torturer plus que ça ce dernier. Tout juste évoquait-il un passage dans le week-end :
" Nous devrions être à l'Équateur dans trois jours et demi. Nous ne visons pas le meilleur partiel sur ce segment. C'est peut-être faisable, mais pas sûr ! D'après ce que nous avons vu avec Marcel Van Triest, nous sommes dans les temps, sans avoir à faire souffrir ni les hommes ni le bateau. En clair, nous sommes dans les temps du record de Franck Cammas mais pas du meilleur temps ".
Prudence et patience, l'aventure ne fait que débuter !
À 16 h, 130,5 milles d'avance par rapport au temps de référence.