Nous apprenons qu'un ancien pompier, Breton de Paris, Erwann Le Morvan, a créé des T-shirts « bretons » qui font un tabac. Bien, mais dans l'écume de l'information quotidienne, nous mettrons délibérément des guillemets à « breton » car n'usurpe pas cette qualification qui veut.
L'objet du délit se présente sous la forme d'un T-shirt sur lequel un code-barres est imprimé portant les numéros des quatre départements de l'entité administrative, 22, 29, 35 et 56. Un code-barres, pourquoi ? « pour mettre en avant la région sans tomber dans les clichés [comme] la grosse hermine et le gros BZH » confesse-t-il à Ouest France qui en fait son miel. Comme si la Bretagne n'avait que l'hermine et le gros BZH pour la représenter… oubliées les nefs fines et osées des grands ports bretons, le Kroaz Du, Anna Vreizh ou encore le dragon, les (sept mille) saints, les flèches élancées et à elles pareils, les menhirs. Bon. Les T-shirts seront commercialisés par la franglaise marque West Côtes et fabriqués au Bangladesh par des petites mains, puis sérigraphiés avec « de l'encre bio » pour les rendre plus équitables à Rennes. Et sont en vente à 25 € l'unité.
Seulement voilà, la Bretagne n'est pas une marque, ni un code-barres. Elle est un état d'esprit, un esprit même, une morale, un devoir, une patrie, une nation. Pas un code-barres, pas une puce que l'on apposerait sur un homme comme sur une vache, et qui lui tiendrait lieu de repère et de carte d'identité. La Bretagne n'est pas un code-barres, pas plus qu'elle n'est seulement composée que des départements de la région administrative ! Ce T-shirt repose sur un marketing faux et dangereux : dangereux, parce qu'il assimile notre Patrie à une savonnette, ou une boite de nouilles interchangeable, donc, avec une autre boite de nouilles, faux, parce qu'il en oublie délibérément le département qui renferme plusieurs de ses anciennes capitales (Plessé (1), Penfao (2), Nantes) et toutes les archives nationales de la Bretagne libre, à savoir de la Chancellerie des ducs et rois de Bretagne, le département où, autour des châteaux à jamais bretons d'Ancenis, Oudon, Clisson, Machecoul, Pornic, Blain et Châteaubriant, les Bretons se sont le plus battus, et victorieusement, pour leur nation. Assez de raisons pour boycotter cette publicité mensongère qui ne rend pas service à la Bretagne et n'embellit pas les Bretons en les transformant en emballages alimentaires.
Notes
(1) : Lis Plesei était la residence d'Alain Barbe Torte, qui a libéré la Bretagne des Vikings, une seconde fois.
(2) : Lis Penfau, “la cour du bout des hêtres, était la résidence du roi Salomon à Avessac (Painfaut) ou Guéméné-Penfao, en Loire-Atlantique