Le député Paul Molac vient de présenter une proposition de loi* relative à la protection et à la promotion des langues "régionales", proposition faite devant la commission des Affaires Culturelles. Sur 10 articles, 3 seulement ont été adoptés par la commission aboutissant ainsi à vider de toute substance leur application concrète dans l’enseignement, les médias et la vie publique. Évidemment on ne peut que voir dans ce déplorable résultat la persistance, au sein d’une large part de cette classe politique française, de l’idéologie jacobine hostile à toute reconnaissance de la pluralité linguistique en France.
Tout cela en totale opposition avec l’essence même de l’Europe qui est, comme l’écrit Milan Kundera
le maximum de diversité dans le minimum d’espace.
La pluralité des langues et des cultures est un atout pour les individus et les sociétés et s’insère dans l’indispensable maintien de la biodiversité devenu un objectif essentiel de l’humanité.
Dans le même temps où Louise Mushikiwabe, au nom de la francophonie et au nom de la diversité linguistique, lance un vibrant plaidoyer pour l’usage accru du Français au sein de l’Union Européenne, le ministre Blanquer avec sa nouvelle réforme du Bac réduit encore le coefficient appliqué aux langues "minoritaires". Quant au Conseil Constitutionnel, les langues lui donnent des boutons au prétexte de "menacer l’indivisibilité de la République et l’unicité du peuple Français". En fait, comme l’a démontré une constitutionnaliste**, le Conseil s’entête dans une vision purement idéologique.
A qui fera-t-on croire que le Basque, le Breton, le Corse ou l’Alsacien menacent la République ? Un simple coup d’œil chez nos voisins démontre amplement que la pluralité linguistique est pleinement acceptée : le Gallois en Grande-Bretagne, la langue d’Aoste en Italie, le Basque, le Catalan et le Galicien en Espagne, le Suédois et la langue Sami en Finlande sans oublier le trilinguisme suisse. Aucun de ces Etats ne voit son existence mise en péril. Il est vrai que ces pays ne font qu’appliquer les lois et traités internationaux traitant des droits linguistiques.
Pendant ce temps la France s’acharne subrepticement à tuer sa richesse linguistique renvoyant ainsi l’image d’un état au fonctionnement monarchique et autoritaire avec la prétention de vouloir éclairer le monde avec le mot "Liberté".
Nous, Bretons, lui opposerons les paroles d’Albert Camus, prix Nobel de littérature :
"La liberté n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité".
Jean Bothorel, Écrivain,
Secrétaire du Prix Bretagne
Dr. Jean Le Mée,
Président de Emglev Kevredel Breizh
Alliance Fédéraliste Bretonne