Hier, le tribunal de Commerce de Saint-Nazaire a tranché : 39 des salariés de SMCO seront repris par l'entreprise marseillaise Ateliers de Fos (ADF). Mais le sort des autres reste flou alors que fusent de toutes parts les interrogations sur le bien-fondé du projet industriel du repreneur. Après Chateaubriant ( voir notre article ) c'est la deuxième reprise de la semaine en Basse-Loire.
Le problème se nouait autour du choix du projet industriel et de l'avenir de la SMCO ( voir notre article ) , placée en liquidation judiciaire et dont près de 75 salariés ont reçu le 23 février leur lettre de licenciement. Les autres étant des délégués du personnel, l'aval de l'inspection du travail est attendu demain. D'un côté l'offre de reclassement émanant du groupe Hervé Thermique, qui possédait l'entreprise. De l'autre, la proposition de reprise partielle venant du groupe Ateliers de Fos, dans laquelle seuls 39 salariés seront conservés.
A l'intérieur de l'entreprise, le bouche-à-oreille a permis de réunir une liste – non nominative – de 39 salariés favorables pour continuer avec Ateliers de Fos. Parmi eux, deux délégués syndicaux rempilent. ADF veut se réorienter vers le cœur de métier de SMCO, à savoir la grosse tuyauterie pour la pétrochimie, et se tourner vers des clients comme la raffinerie Total de Donges ou GDF donc libérer l'entreprise de sa dépendance aux Chantiers Navals STX.
Par ailleurs, Hervé Thermique ne proposait que 30 postes en interne, plus 40 en externe dont seuls 12 correspondaient aux métiers de l'entreprise SMCO. De plus, 16 de ces postes en externe étaient des CDD, donc des postes précaires. Ce sont donc ces deux considérations qui ont joué en faveur du groupe marseillais.
Cependant, les salariés demeurent libres de leur choix. Certains vont rejoindre la société Leroux et Lotz. STX (les Chantiers) proposeraient 4 à 5 postes à destination des salariés de la SMCO qui se porteraient volontaires. D'autres partent en formation ou se reconvertissent
Par ailleurs, en interne, certains critiquent la gestion qui a été faite par Hervé Thermique : cette société a racheté la SMCO depuis trois ans, d'après Hervé Pillet, délégué syndical CGT, « on a le sentiment que rien n'a été fait ». Certes, de l'argent a été investi, mais les chargés d'affaire étaient libres de leur action et « nous avons eu le sentiment qu'il n'y avait pas de pilote dans l'avion. Si ça marchait, tant mieux, sinon, ils étaient virés. De plus, on nous reprochait de faire de la sur-qualité » ; ce n'est guère étonnant puisque le cœur de métier du groupe Hervé Thermique est dans la climatisation, et non la tuyauterie industrielle de précision. Les réticences de certains salariés de la SMCO à accepter l'offre de reclassement du groupe familial Hervé Thermique sont donc aisément compréhensibles, d'autant plus que la SMCN voisine connait des problèmes similaires. Seuls six salariés de la SMCO ont retiré les dossiers de propositions de reclassement offertes par le groupe Hervé Thermique.
En dehors de la SMCO, la SMCN continue à être sous surveillance. Une procèdure de licenciement a été engagée pour faute professionnelle envers un délégué CGT qui a parlé dans la presse de la situation de l'entreprise ; il est probable que l'Inspection du Travail s'y oppose.
Aux chantiers Baudet, une dizaine d'intérimaires arrivent en fin de mission et ne seront pas reconduits. Nous avons mentionné deux autres entreprises sous-traitantes de STX qui seraient en difficulté ( voir notre article ) , Mecasoud ayant depuis dissipé les inquiétudes sur sa situation. Il y aurait cependant trois autres entreprises qui traverseraient actuellement une mauvaise passe.
Pour éviter que le mal ne s'étende, une table ronde sera organisée à la Préfecture de Nantes le 14 mars à 15 h 30 entre les pouvoirs publics, les dirigeants des entreprises du secteur et les partenaires sociaux . Y sera peut-être abordé le problème de la main d'œuvre sous-traitante d'origine étrangère, qui constitue certes une martingale pour les entreprises afin de tenir des coûts toujours plus restreints, mais aussi une redoutable concurrence pour la main d'œuvre du bassin nazairien.