Lylian le Goff est un passionné, un passionné de la vulgarisation scientifique et de la santé publique, et il n'hésite pas à se déplacer, à parler devant de petites ou grandes assemblées, de curieux et de convaincus, pour qu'à leur tour, ils disent ...
Une assistance d'une vingtaine de personnes a écouté attentivement le docteur Lylian le Goff à Arzano. La concurrence était rude avec le foot, la fête de la musique, le beau temps, le début du week-end, mais qu'importe, le message est passé. Dans le public, des écologistes, mais aussi des consommateurs, des commerçants, des agriculteurs venus connaître des vérités que la télévision ou les média officiels ne trouvent pas toujours bonnes à dire ...
La qualité de l'eau ? Les Français consomment six milliards de bouteilles d'eau par an. Or, suivant les communes, la qualité de l'eau diffère beaucoup : à Lorient, l'ultrafiltration coûte cher au contribuable, mais c'est la meilleure méthode possible.
Les eaux de captage sont de qualité très variable, et mieux vaut avoir celle du Scorff, protégé, bien géré, que celle du Blavet, qui reste à améliorer. Les résidus médicamenteux (pilule, antibiotiques pour les élevages en batterie particulièrement fragiles), surtout, sont des perturbateurs endocriniens et risquent à terme d'entraîner des soucis de santé majeurs.
Les algues vertes et brunes (ou cyanobactéries) proviennent de l'abus de nitrates, provoqués en grande partie par les élevages industriels. Le taux de nitrate est de 50 mg, or, il faudrait pour la santé publique qu'il soit de 10 mg pour tous.
70% de la consommation d'eau en France est le fait de l'agriculture. La toxicité des pesticides est importante, mais c'est pire dans les pays où la réglementation n'existe pas. Ils sont responsables de cinq à six millions de morts d'enfants par an. Si en France, le cancer du cerveau touche moins de 1% des habitants, il touche 5% des agriculteurs et 25% des viticulteurs, et on le sait depuis ... 25 ans.
La politique de santé en France n'est en fait qu'une gestion de la maladie. Et Lylian de préciser : "La maladie, c'est bon pour le PIB ! Soyez malades deux ou trois fois par an, ayez des accidents, cela fera fonctionner les hôpitaux, les laboratoires et les industries pharmaceutiques".
En cinquante ans, à cause des pesticides, le taux spermatique moyen a régressé de 50%, des perturbations endocriniennes spectaculaires sont intervenues : malformations uro-génitales, règles très précoces ...
Les lobbies des eaux minérales sont très puissants : or, tout sel minéral fait monter la tension. Au-delà de 2 grammes de sels minéraux par litre, l'eau n'est pas potable ... Certaines d'entre elles ont quatre grammes et sont vendues dans le commerce.
Alors, comment agir ? Pour Lylian le Goff, l'action locale est très importante : auprès des municipalités pour supprimer tous les traitements chimiques des trottoirs et des espaces verts. Rennes et Lorient sont pratiquement sans pesticides aujourd'hui, auprès des agriculteurs et des particuliers pour réduire pesticides et engrais chimiques.
Pour l'alimentation, la qualité alimentaire des aliments est en diminution. 80% des pathologies sont liées à l'alimentation et 40% des cancers sont aussi liés à l'alimentation.
Deux éléments importants ont marqué l'après guerre : la dérive agro industrielle et l'oubli des protéines d'origine véfgétale (lentilles, céréales, légumineuses).
L'hyperproduction de viande a conduit le consommateur à manger trop de protéines d'origine animale. De plus, trop chauffer la viande (les grillades, la viande qui fume), le fait de chauffer des corps gras,... sont dangereux pour la santé.
Le sucre, la farine, les huiles, le sel : sont à choisir avec précision. Pas de raffinement, pression à froid pour l'huile, sel gris, farine complète biologique et sucre roux de canne biologique sont meilleurs pour la santé. Et ont plus de parfum, de saveurs, d'odeurs ... Les maladies cardio-vasculaires sont souvent dues à un excès d'aliments non raffinés et de viande.
La nourriture "pas chère" coûte en fait très cher à la société et au consommateur. En 1998, la faculté de Lorient passe au bio, pour le même prix. Les étudiants, la directrice, les cuisiniers, après trois jours de formation font le pari que c'est possible. Ils favorisent la qualité, revalorisent les agriculteurs, favorisent les circuits courts.
Le dernier point abordé est celui de l'épicerie associative en projet à Arzano. Micheline, une des chevilles ouvrières du projet raconte alors l'importance de la réflexion en cours, avec des questionnaires, des interrogations sur production locale et biologique, et les expériences de Trémargat. Le fait d'aller en douceur, mais avec un réalisme économique qui permette au projet de se réaliser dans la durée a été souligné. Puis d'autres points, le beurre allégé, les aliments à proscrire ...
Et Lylian parle, parle ... Il est déjà 23 heures, trois heures de conférence. Pas vu le temps passer. Lylian repart en guerre contre l'ignorance, un pain biologique de Querrien sous le bras et un grand saladier plein de framboises biologiques d'Arzano, pour un bon crumble maison avec du beurre bio produit localement, du sucre roux, et de la farine complète ...