Moments difficiles pour le premier ministre écossais, Alex Salmond, pour défendre son projet indépendantiste. Plusieurs prises de position - anglaises mais aussi écossaises - prétendent depuis quelques jours que la crise financière internationale joue contre les prétentions de Salmond de gagner un référendum sur l'indépendance en 2010, même si on ne sait pas s'il pourra l'organiser. Un des conseillers de Salmond a jeté de l'huile sur le feu en déclarant récemment que l'économie écossaise serait "horrible" si l'Écosse devenait indépendante.
Ces arguments rejoignent ceux de John Kay, conseiller du Premier ministre britannique Gordon Brown, qui a récemment pris position das ce sens dans The Scotsman, journal ouvertement anti-indépendantiste. Le professeur Kay prétend que le pétrole de la mer du nord ne pourra pas sustenter l'économie de l'Écosse, comme Salmond le déclare depuis plusieurs années. Kay considère également que la crise internationale met plus en danger l'Écosse que le Royaume-Uni, et il défend l'action du Premier ministre britannique, Gordon Brown, pour sauver les banques britanniques, en incluant la Royal Bank of Scotland et le HBOS, toutes deux écossaises.
Précisément ce dernier point est celui que les rivaux de Salmond et, en général, la presse du Royaume-Uni, ont exploité pour critiquer la voie indépendantiste que le Premier ministre écossais propose. À la tête de cette vague de critiques Brown lui-même a assuré, la semaine dernière, qu'une Écosse indépendante n'aurait pas eu suffisamment de fonds pour sauver les deux grandes banques écossaises, comme l'a fait l'État britannique. De plus, dans les rangs travaillistes, on enfonce le clou en déclarant que l'Écosse ne fait pas partie d'un "arc de la prospérité" avec d'autres pays atlantiques et scandinaves, mais d'un "arc de l'insolvabilité" symbolisé par la défaillance islandaise, rappelle The Economist.
Salmond bénéficie pourtant de soutiens forts. Devant l'avalanche de critiques, Alex Salmond s'est adressé ce week-end aux délégués de son parti pour réfuter les arguments des unionistes. Pour Salmond, le cas islandais - un pays dont les principaux organes financiers sont en faillite à l'heure actuelle - n'est pas représentatif de ce qui pourrait supposer une Écosse indépendante. En fait, le Premier ministre écossais a rappelé que des pays du nord de l'Europe comme la Norvège, le Danemark, la Suède ou la Finlande - comparables en terme démographique à l'Écosse - sont "les rares" dont on peut encore penser qu'ils "échapperont à la récession".
Le dirigeant indépendantiste en a aussi profité pour critiquer la politique de Brown, à qui il a reproché de vouloir dépenser, en temps de crise, 40.000 millions de livres sterling pour "construire des armes de destruction massive en Écosse" ou de continuer à entretenir des troupes pour sa "guerre illégale" en Irak. Curieusement, Salmond déclare qu'un des grands paris pour l'avenir de l'Écosse réside dans les énergies renouvelables, en laissant ainsi à part - du moins pour le moment - le discours sur le pétrole et les profits qu'il représenterait pour les Écossais.
Article traduit du catalan : MónDivers.cat est partenaire d'Eurominority.eu