Saint-André Treize Voies, son église, son cimetière, ses 1253 habitants… les Trévois. Une commune vendéenne comme une autre ? Pas tout à fait.
Un nom étrange, certes. Mais l'église reconstruite en style néogothique et inachevée faute de moyens (il manque la flèche) ne pourra nous éclairer plus sur cette paroisse vendéenne depuis 1790… et avant ? Avant, elle ressortait du diocèse de Nantes.
Avant, bien avant Saint-André Treize Voies n'était qu'une simple chapelle de Vieillevigne, aujourd'hui à l'extrême sud de la Loire-Atlantique et de la Bretagne. Une simple chapelle autour de laquelle s'était formée une trêve dont les habitants voulaient devenir paroisse indépendante. Ils mirent cela au vote, et les partisans de l'érection de leur chapelle saint André en paroisse l'emportèrent de treize voix. D'où le nom de la commune, abâtardi au XVIIIe par l'administration royale (1). Une autre origine est certes donnée au nom de la commune, sise sur une ancienne voie romaine, et dont le Treize viendrait de tres, trois. Trois Voies serait son vrai nom.
Mais il importe peu aux habitants de la commune qui s'appellent toujours Trévois ou Trévoises, et sont les heureux habitants d'une trêve bretonne… en plein bas-Poitou !
Comment se fait-il donc que Saint-André Treize Voies n'est plus – provisoirement peut-être – en Bretagne ? Il se trouve en fait que la trêve devenue paroisse faisait partie des marches de Bretagne (voir le site) où les paroisses étaient classées « pure Bretagne » (2) « pures Poitou » et « pures Anjou » au sens où elles appartenaient à l'une des provinces citées, mais partageaient leurs juridictions fiscales entre deux provinces, ou alors communes, c'est-à-dire que tout y était partagé et suivait des règles mixtes entre deux provinces. A la Révolution, les paroisses pures ont été intégrées dans la province où elles étaient rattachées, tandis que les paroisses communes suivirent les diocèses auxquelles elles appartenaient.
Seulement, il y eut des exceptions. La Bernardière, commune bretonne, passa en Vendée, tout comme Saint-André Treize Voies qui fut échangé contre la commune « pure Poitou » de Remouillé. La population de Bouin vota massivement pour son rattachement à la Loire-Atlantique. Les autorités révolutionnaires choisirent d'ignorer ce choix civil, préfigurant leur sens de la démocratie et de la libre expression dont l'application trouvera son summum moins de quatre ans plus tard à travers les campagnes bretonnes et vendéennes. Le 26 février 1794, les colonnes infernales brûlent toute l'ancienne paroisse de Vieillevigne, les terroirs de la Planche et de Saint-André Treize Voies, la dévastation s'étend sur la Bretagne et le Poitou mêlés. « Nous ferons de la France un cimetière plutôt que de ne pas la régénérer à notre façon » ont-ils dit dans leur colère, croyant que l'Histoire les oublierait. Souvenons-nous.
Notes
(1) : Cette francisation des noms par l'administration royale n'est pas un cas isolé. C'est ainsi que Saint-Joseph de Portricq (portric = petit port) à Nantes est devenu Saint-Joseph de Porterie alors même que le mur de la ville se trouve à cinq kilomètres au sud. A noter qu'il existe un Petit Port juste en face de Saint-Joseph de Porterie, au confluent du Cens et de l'Erdre. Il n'y a aujourd'hui que des bois, un marais, un ponton pour le passeur et l'institution de Bethléem à cet endroit qui fut peut-être habité jadis.
(2) : Le breton n'a jamais été parlé à Saint-André Treize Voies ni sur les marches bretonnes en limite d'Anjou et du Poitou. D'ailleurs, la traduction en breton du nom de la commune, 'Sant-Andrev-Trizek-Hent est récente car elle se fait l'écho de l'orthographe erronée de la commune. L'on parlait en revanche gallo et poitevin. Seulement, ce n'est pas parce que la Haute-Bretagne n'est pas bretonnante qu'elle n'est pas bretonne.