Comme il l'avait annoncé fin 2013, le Comité de convergence des intérêts bretons (CCIB) ( voir notre article ) met en place des outils pour que l'argent des Bretons serve à créer des entreprises qui couvrent leurs besoins essentiels.
Son communiqué de presse du 17 février 2014 indique qu'il lance : «Redéo, un nouveau modèle économique performant, local et solidaire qui va permettre à tous les Bretons pour mieux vivre en Bretagne... Nous appelons à une Bretagne belle, prospère, solidaire et ouverte sur le monde, et nous donnons aux Bretons les moyens, concrètement, pour mieux vivre en Bretagne. Pour réactiver la formidable capacité humaine et entrepreneuriale des Bretons, nous avons créé Redéo, qui porte notre ambition. En breton, Red eo signifie : "il faut" et "rêve et ose". ..
Portés par un fort attachement à la Bretagne, à sa culture, à ses valeurs et au bien-être de ses habitants, avec Redéo, nous libérons énergie créative et la liberté de toute la Bretagne.»
Le CCIB place ses pas dans celui du Comité de liaison des intérêts bretons (Célib) qui a été décisif dans la modernisation de la Bretagne, entre 1950 et 1970, grâce à l'alliance d'hommes politiques bretons de droite et de gauche (surtout centristes et socialistes) et d'organisations professionnelles (agriculture, industrie).
Depuis 50 ans, beaucoup de choses ont changé et le CCIB, convaincu que l'Etat est à bout de soufle dans sa capacité à se réformer et à gérer l'économie, reçoit peu de soutiens politiques affichés. Il a des connexions individuelles avec le mouvement des Bonnets rouges, mais il trace sa route indépendamment, étant centré sur des objectifs de restructuration économique et, en s'appuyant sur le laboratoire d'idées qu'est l'Institut de Locarn.
Redéo est une association qui va collecter l'épargne, grâce à deux fonds financiers, le premier, Redéo Dotations, est un fonds de dotation et le second, Redéo Investissements, un fonds d'investissement. L'un sert à épauler et conseiller les jeunes entreprises et le second à permettre aux particuliers d'investir et de gagner de l'argent.
«Redéo est une association qui permet à tout Breton d'agir en faveur du développement économique et social de sa région pour faire de la Bretagne, la première région pour la qualité de vie. Comment ? En (créant des entreprises)"loco-sociétales" pérennes qui répondent à leurs besoins quotidiens... abaissant de 15% en moyenne le coût de ces prestations.
Redéo a pour stratégie de s'impliquer dans les activités économiques qui répondent aux besoins primaires de la population (eau, énergie, finances, assurances, téléphonie, transport...). Nous voulons le faire aussi vite que possible et avant que les entreprises qui assurent ces prestations passent sous contrôle étranger, uniquement préoccupé de rendement financier.» (communiqué).
L'objectif est donc d'augmenter le pouvoir d'achat en Bretagne, soit en prêtant de l'argent, soit, en payant moins cher des services de base. Il est aussi de se soustraire aux effets du monopoly financier et de la concentration des dans les mains de quelques multimtionales, qui ont mis la main sur les autoroutes et veulent instituer un péage universel sur les grandes routes.
Jean-Pierre Coïc, le président, précise que l'association «ne se constitue contre personne».
Il s'agit pourtant de s'installer dans le jardin des grands fournisseurs de gaz français (GDF-Suez, Direct Energie et même EDF), puisqu'en avril, grâce à l'argent déjà réuni, va être créée Redéo Energies-Entropie, dirigée par Philippe Le Gorjus, ancien responsable du Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN), et qui, grâce à des accords avec divers partenaires, dont le Russe Gazprom, va offrir la possibilité de fournir du gaz aux entreprises de Bretagne.
Il est probable que cette offre va être proposée les agriculteurs qui cultivent sous serres, car, ils ont besoin d'une énergie facile à transporter et pas trop chère et l'association est dirigée par plusieurs notabilités du secteur agricole. Un autre débouché possible sera les bateaux fonctionnant au gaz (voir la commande récente d'un navire de ce type par la «Brittany Ferries»).
Redéo a pour ambition de créer une entreprise locale tous les deux mois et mentionne les assurances, l'Internet, le transport et la gestion des déchets, parmi les offres en cours d'étude. Elle lance un appel aux dons et aux placements «solidaires» de capitaux (à partir du 1er juin) qui devraient être rémunérés au peu au dessus du rendement moyen d'une assurance-vie.
L'association est ouverte à tous, moyennant une cotisation de 10 euros.
Les fondateurs et administrateurs de Redéo :
Jakez Bernard, entrepreneur, producteur exécutif - Olivier Bordais, entrepreneur - Brigitte Briend, collaboratrice d'un groupe breton, secrétaire de l'association - Claude Champaud, ancien membre de Conseil d'Etat – Jean-Pierre Coïc, fondateur et dirigeant de cabinets d'avocats, président de l'association - Jean Collet, président d'honneur CFTC Bretagne - Jean Debois, avocat honoraire - Valérie Galichet, collaboratrice PME bretonne, trésorière de l'association - Alain Glon, entrepreneur, président de l'Institut de Locarn – Jean-François Jacob, président de Combiwest - Jacques Jaouen, agriculteur, président d'Agriculteurs de Bretagne - Paul Le Floch, professeur d'université – Jean-Pierre Le Mat, entrepreneur, vice-président CGPME Bretagne - Franck Nicolas, entrepreneur à Loudéac- Pontivy - Jean Ollivro, professeur d'université.
Adresse : Redéo, 5 impasse Kéravel - 56920 Saint-Gonnéry – contact [at] redeo.fr - http://www.redeo.fr
Christian Rogel