Rassurez vous ce n'est pas l'indépendance politique qu'EDF préconise pour les Bretons. Pas encore … Et pour les 11,5 millions d'habitants de l'Île-de-France c'est comment ?
Avec l'arrivée du froid, arrive aussi EDF et sa communication en trompe l'œil. Comment qualifier autrement ce "buzz" baptisé EcoWatt, qui consiste en une alerte expédiée par courriel ou SMS à des abonnés volontaires pour qu'ils déconnectent par un "bon geste" leurs appareils les plus consommateurs ? Quelle contrepartie est offerte par l'opérateur à ses clients en échange de ce "geste citoyen" ?
Les données du problème
En fait, l'opérateur historique EDF, qui est responsable d'une politique du chauffage tout électrique (une aberration pour n'importe quel physicien digne de ce nom) et de l'obstruction à toute solution de diversification des modes de production, ne trouve pas d'autre incitation que l'appel au bénévolat. Vous avez bien compris ! Que vous fassiez un geste ou non, vous aurez la même récompense : zéro euro pour tous le monde ! Contentez-vous du mot "Egalité" inscrit dans la devise républicaine, et n'imaginez pas de politique tarifaire incitative ! Oubliez les contrats EJP (effacement jour de pointe) qu'EdF proposait jusqu'en 1995 ! Mais de qui se moque t-on ?
A vrai dire, il n'est en revanche pas faux de déclarer que la Bretagne, qu'elle soit la Bretagne administrative réduite indûment à 4 départements, ou le territoire authentique des 5 départements, est réellement fragile du point de vue de son réseau électrique de transport sous 225 000 et 400 000 volts puisqu'elle est une presqu'île placée en extrémité de ligne par rapport aux grands centres de production essentiellement nucléaires.
Pour une solution adaptée à la Bretagne
Faut-il en déduire qu'il manque une grosse centrale dans le Finistère ? Dans le mot "centrale", il y a "centre", autrement dit "centralisation". Compte tenu de la géographie de la Bretagne, de son économie et de la répartition de son habitat, il semble que la production répartie (avec injection sur le réseau de distribution en moyenne tension de 20 kV) serait mieux adaptée à notre territoire breton que la production centralisée débitant sur le réseau haute tension à 225 ou 400 kV.
En effet, la puissance d'une tranche nucléaire est de l'ordre de 1 000 MW mais implique la centralisation de plusieurs tranches sur un site unique. A contrario, en Bretagne, dotée d'une importante biomasse liée à son activité agro-industrielle, nous vivons sur un gisement de méthane qui nous permettrait de mieux répartir nos productions d'électricité tout en évitant de polluer la nature avec nos effluents. Pour illustrer l'intérêt de la répartition géographique, il suffirait de 1 000 producteurs disposant d'une puissance de 1 MW pour remplacer une tranche nucléaire. Un groupe de 1 MW, c'est aussi petit que la machine montée au mât d'une éolienne puisque les puissance unitaires de ces dernières s'échelonnent de 1 à 4 MW. La question mérite d'être étudiée !
Il se trouve que nos agriculteurs commencent à réfléchir à la question, comme en témoigne un article du Télégramme de Brest dans lequel on lira avec intérêt : "Pour réduire les nitrates, les agriculteurs proposent notamment d'agir sur les engrais en modifiant les pratiques de fertilisation et d'épandage, mais aussi sur les rejets en implantant des unités collectives de méthanisation pour transformer les lisiers et fumiers".
Des statistiques trafiquées pour les besoins d'une campagne d'intoxication ?
EdF déclare produire dans la centrale de Cordemais, en Loire-Atlantique, 30% de la consommation des "Pays-de-Loire", selon les informations de son site : (voir le site)
L'insertion de Cordemais dans ces pseudo "Pays-de-Loire" modifie complètement les statistiques de la Bretagne, réduite aux quatre départements de la Bretagne administrative. Sans nul besoin de comptes d'apothicaire, il est évident que la Bretagne authentique, constituée de ses cinq départements historiques, n'apparaîtrait plus avec seulement 8 % de production interne, mais aux environs de 50% sinon davantage. Face à des statistiques masquées par l'institution, il convient de rétablir une présentation plus conforme à la réalité. Même si celle-ci ne restitue pas une situation d'autonomie énergétique bretonne complète, elle nous permet de mettre en lumière une manipulation des statistiques qui est réalisée par EdF, désormais chaque hiver, pour lancer une campagne d'intoxication propre à fausser le jugement des Français en général, et des Bretons en particulier.
Le cas de l'Ile-de-France
Voilà pour la Bretagne une bonne démarche pour rechercher l'indépendance énergétique, mais puisque nous y sommes, l'Ile de France qui abrite 11,5 millions d'habitants en dispose t'elle ? Référons-nous au site Internet (voir le site)
On y lit que la région Ile-de-France ne produit que 10 % de sa consommation électrique. On en déduit donc qu'elle en importe 90 %. Alors pourquoi ce "buzz" à propos de la Bretagne qui contraste avec la discrétion sur ce fait que l'Ile-de-France est aussi dépendante des approvisionnements extérieurs ?
Suite à la campagne alarmiste d'EdF sur la production bretonne limitée à 8 % de notre consommation, chiffre bien minoré en raison de la partition jacobine de la Bretagne, nous voyons jubiler certains internautes de divers forums qui considèrent que les Bretons sont coupables de légèrereté et d'imprévoyance en n'ayant pas accepté naguère une centrale nucléaire à Plogoff. Parmi ces intervenants, de nombreux "Parisiens" bien prompts à faire la leçon aux Bretons. Et pourtant, si près de 4 millions de Bretons (moyenne calculée sur la Bretagne des cinq départements peuplée de 4,3 millions d'habitants) dépendent d'approvisionnent extérieurs, le nombre de Franciliens en situation de dépendance des autres régions dépasse les 10 millions sur une population totale de 11,5 millions.
Régions d'Europe solidaires
Pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la misérable politique de boutique qu'on nous serine à longueur de discours, toutes les régions d'Europe sont solidaires en raison du maillage des réseaux (y compris par interconnexion avec la Grande-Bretagne). Cet hiver, l'Hexagone importe de l'électricité du fait de l'indisponibilité de nombreuses centrales nucléaires.
Alors, faut-il réserver aux seuls Bretons les critiques sur les régions énergétiquement dépendantes et la nécessité corrélative de réduire leurs besoins ? A une époque où le respect de l'écologie est enfin reconnu comme un impératif vital, le choix des modes de production d'énergie, et celui de la répartition géographique des centres de production, réclament, plutôt que le bricolage actuel d'EDF, la définition et la mise en place d'une politique énergétique cohérente au service d'une véritable diversification adaptée aux atouts spécifiques de chaque région.
La Loire-Atlantique fut soustraite à la Bretagne par le régime de Vichy pour être intégrée à une région dite "Région d'Angers" sous prétexte d'une nécessité de rééquilibrage économique. Aucun historien sérieux n'y croit bien évidemment, mais puisque cette vérité se voudrait officielle, les Bretons sont bien dans leur rôle à conclure que l'autonomie politique, administrative et fiscale serait bien plus utile à une Bretagne réunifiée que des campagnes de menaces infantilisantes et d'intoxication qu'ils sont amenés à subir à chaque fois que survient une mini-vague de froid dans nos contrées.
Communication de Bretons-du-Monde-OBE