Une semaine après l’incroyable « remontada » du FC Barcelone en huitièmes de finale de la ligue des Champions contre le PSG, il nous apparaît important, au-delà du fait sportif, de montrer que cette défaite est symbolique de l’histoire des clubs français dans les compétitions européennes. Mais pas seulement.
En effet, toutes compétitions confondues, les clubs français ont glané seulement 2 titres en plus de 60 ans d’existence de certains de ces challenges. Un titre pour le PSG en 1996 dans la défunte Coupe des vainqueurs de Coupes et un autre pour l’Olympique de Marseille en 1993 dans ce qui correspond à l’actuelle Champion’s League. Si on fait le total pour les autres pays européens dans ces Coupes, qui étaient au nombre de trois jusqu’en 1999 avant d’être ramenées à deux, les voisins européens ont eux totalisé 19 de ces titres pour l’Allemagne, 27 pour l’Angleterre, 28 pour l’Italie et 33 pour l’Espagne !
La première conclusion qui vient à l’esprit en regardant le famélique butin des clubs français en comparaison, c’est que la France n’a pas de véritable culture footballistique au niveau des clubs justement. Les arguments que l’on entend parfois, indiquant que les clubs français sont moins avantagés à cause d’un système fiscal plus sévère ne tiennent pas quand on sait à quel point les Qataris investissent au PSG sans compter, ou quand on constate que le club de Monaco, considéré comme un club français, a un système fiscal tout à fait avantageux.
Que dire alors de la Bretagne qui place régulièrement quatre équipes dans le championnat français, obtenant par la un ratio nombre de clubs/nombre d’habitants tout à fait étonnant, puisque les clubs bretons représentent 1/5e des clubs de première division, alors que la population bretonne représente seulement 1/13e de la population hexagonale ? Cette forte présence en Ligue 1, avec laquelle aucune autre région de l’Hexagone ne peut rivaliser autant que le nombre très élevé de licenciés en Bretagne administrative et en Loire-Atlantique, ou encore l’attachement populaire à des clubs comme Guingamp, Brest ou Lorient, montrent que la Bretagne, elle, possède une véritable culture footballistique.
Pourtant les clubs bretons n’ont pas les moyens de lutter à armes égales dans le championnat français contre les pétrodollars parisiens ou monégasques, ou encore les moyens annoncés par le milliardaire américain Franck Mac Court à l’OM. Ainsi les clubs bretons, bien que représentant une région à forte culture footballistique, n’auront donc aucune chance dans les années à venir, si les conditions ne changent pas, d’accéder aux championnats européens. Nous pensons que c’est profondément anormal vu l’engouement pour le football dans les cinq départements bretons. Nous rappellerons également que des pays de taille ou de populations comparable à la Bretagne, comme l’Écosse, la Suède ou encore les Pays-Bas, ont glané plus de titres que la France dans les championnats européens (11 pour les Pays-Bas !).
Il apparaît ainsi évident que pour que les clubs locaux puissent se développer et faire rêver les Bretons, il nous faut un championnat autonome afin que ces clubs accèdent à l’Europe de manière régulière. On pourrait également imaginer fusionner ce championnat breton au championnat écossais, qui manque de participants. Des solutions pour la visibilité du football breton sont en tous les cas à trouver, car à quoi bon jouer les faire valoir dans un championnat français où les premiers sont incapables, malgré leurs moyens financiers considérables, de bien figurer dans les coupes européennes ?
En football comme dans d’autres domaines, l’enchâssement de la Bretagne dans la République française est un véritable frein à notre développement et à la libération de nos énergies.
Vive une première ligue bretonne !
Caroline Ollivro, présidente de Breizh Europa