François-Régis Hutin fêtera le 26 juin prochain son 80e anniversaire. Il sera ainsi un des patrons de presse les plus âgés de France et du monde. Il a en effet deux ans de plus que le milliardaire anglo-australien Rupert Murdoch, le patron de presse le plus puissant de la planète, qui vient, lui, d'avoir 78 ans. Plusieurs dauphins successifs ont bien été pressentis à la tête du groupe Ouest France, mais aucun n'a pu durablement s'entendre avec le P.-d.g. du plus grand journal français. Les uns sont aujourd'hui en retraite ou même, pour l'un, décédé, et deux sont retournés à leurs précédentes activités : Michel Nozière, puis Francis Teitgen, avec un gros chèque chaque fois pour ne pas "faire de vagues"...
François-Régis Hutin a bien eu cinq enfants dont quatre filles, mais, à son grand désespoir, aucun d'entre eux n'a eu la capacité ou l'envie de prendre la très lourde charge que représente aujourd'hui la responsabilité d'un tel groupe. Son fils Paul n'a jamais été attiré par le monde des affaires. François-Régis Hutin a bien essayé de propulser sa fille aînée, Jeanne-Emmanuelle, épouse d'un musicien, Gildrus Gapsys, à un poste de responsabilité, mais sans succès ; en revanche, elle s'est fait sa place dans la rédaction et son nom apparaît fréquemment dans les colonnes du journal, ce qui n'est le cas d'aucune de ses trois sœurs plus jeunes, Marie-Pascale, Sophie et Claire-Hedwige. Cette dernière a épousé Axel, le dernier des cinq enfants du docteur Louis-Charles Jarnaouen de Villartray, médecin à Vitré et appartenant à une vieille famille de Haute Bretagne. C'est sans doute un autre de ses gendres qui pourrait bien demain succéder à François-Régis Hutin. Sa fille Sophie a en effet épousé un garçon que son beau-père apprécie beaucoup et qui semble désormais programmé pour lui succéder : Mathieu Fuchs, aujourd'hui âgé de 42 ans. Mathieu est titulaire d'un DES d'économie et d'un DESS en management de la presse écrite et il est entré dans le groupe depuis déjà de nombreuses années.
Certes, François-Régis Hutin dont le père est mort à 86 ans, a pris la précaution de s'adjoindre un vice-président directeur général, Louis Échelard, pour le cas où il aurait un gros problème de santé ou le cas où il viendrait à disparaître soudainement. Il y aurait ainsi toujours un capitaine à bord du navire. Mais Louis Échelard qui a fait une grande partie de sa carrière précédente au Crédit Mutuel, n'est pas vraiment un homme de presse, c'est davantage un financier et un gestionnaire, ce qui est capital dans un groupe aujourd'hui très diversifié, disposant de nombreuses filiales et ayant aussi beaucoup d'autres participations. Mathieu Fuchs qui est lui aussi d'abord un gestionnaire, est en train de gravir peu à peu les échelons qui le mèneront bientôt jusqu'au fauteuil de son beau-père. Il a été directeur du développement de Publi-Hebdos, la filiale de la holding du groupe, la SIPA, qui contrôle les nombreux journaux hebdomadaires rachetés les uns après les autres par Ouest France, en Bretagne, dans l'ouest de la France et en région parisienne principalement. En même temps, il a été le directeur de l'édition dominicale Dimanche Ouest-France. Il y a trois ans, le groupe Ouest France a repris trois quotidiens du groupe Hersant : Le Maine Libre (OJD 2008 : 99 253 exemplaires), Le Courrier de l'Ouest à Angers (46 333 ex.) et Presse Océan à Nantes (41 318 ex.).
Mathieu Fuchs a alors été nommé directeur général adjoint de la filiale couvrant ces trois titres : Journaux de Loire, et il a été confronté à un défi de taille : réussir l'intégration de ces trois quotidiens et, en particulier de tous leurs journalistes, dans un groupe ayant une culture d'entreprise et des méthodes bien différentes de celles du groupe Hersant, les redynamiser et les faire évoluer de manière à renouveler leur lectorat. C'est ainsi que le quotidien nantais Presse Océan est passé au format tabloïd (imprimé désormais à La Chevrolière au sud de Nantes) et a complètement changé sa mise en pages.
Mathieu Fuchs s'en est plutôt bien tiré et, le 27 février dernier, il a été nommé PDG de la société Journaux de Loire. François-Régis qui était entre dans le journal familial à 30 ans, pour apprendre peu à peu le métier auprès de son père, s'était retrouvé seul aux commandes à la mort de ce dernier, quand il avait 46 ans. Son gendre en a 42 aujourd'hui...