Alors que les dernières informations indiquent que le ruthénium 106 détecté dans l'air européen pourrait être lié à un accident nucléaire sur le site de Mayak, le Réseau “Sortir du nucléaire“ dénonce l'inaction et le silence des autorités russes et internationales. Fin septembre 2017, un nuage de ruthénium 106 a été détecté dans l'air européen. Le 9 novembre, l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, sur la base de simulations, a indiqué que la radioactivité rejetée s'élevait probablement à 300 Térabecquerels (soit 375 000 fois plus que les rejets annuels autorisés de la centrale nucléaire de Cruas) et qu'elle provenait sans doute d'une installation située entre l'Oural et la Volga. Alors que les autorités nucléaires russes continuent de nier la présence de ruthénium 106, les services de météorologie russe ont confirmé le 20 novembre une pollution radioactive liée à ce radioélément. Bien que les données publiées, très inférieures à l'estimation de l'IRSN, soulèvent de nombreuses questions, elles indiquent une contamination plus élevée dans la région de Tcheliabinsk, où est implanté le complexe nucléaire de Mayak. Il apparaît donc très probable que le nuage radioactif soit lié à un problème sur le site de Mayak, qui a déjà été le théâtre de nombreux rejets radioactifs colossaux et d'un grave accident nucléaire, longtemps tenu secret, en 1957. Nadezhda Kutepova, militante russe réfugiée en France qui s'est consacrée pendant des années à la défense des victimes de ces pollutions, identifie deux pistes pour ce rejet. Dans un communiqué, elle explique qu'il pourrait provenir soit d'un accident dans l'usine de retraitement des combustibles nucléaires, soit d'un dysfonctionnement d'une usine de vitrification de déchets radioactifs, dont la construction a connu certains déboires. Le Réseau “Sortir du nucléaire“ se joint aux protestations de Nadezhda Kutepova et de la CRIIRAD pour dénoncer l'inaction et le silence des autorités russes et internationales. Près de deux mois après ce possible accident, qui mériterait un classement au niveau 5 de l'échelle INES en raison de l'étendue de la contamination, aucune reconnaissance officielle n'a eu lieu et aucune mesure n'a été prise pour protéger et évacuer les populations locales. À ce jour, il est impossible d'obtenir des informations fiables, d'autant que le complexe nucléaire de Mayak n'est pas contrôlé par une autorité de sûreté indépendante et que les associations environnementales russes sont victimes de mesures d'intimidation. Quant à l'OMS et l'AIEA, en restant silencieuses, elles se montrent complices de cette censure. Le Réseau “Sortir du nucléaire“ appelle à la création d'une commission d'enquête internationale pour faire toute la lumière sur cet accident et sur l'ampleur de la contamination. Lire le témoignage de Nadezhda Kutepova :