C'est une rame bilingue que les badauds ont pu admirer hier lundi dans les rues de Brest. Dans cinq jours les cadeaux seront au pied du sapin. Les militants du collectif Ai'ta ont mis le père Noël en tête de gondole pour descendre vers le marché de Noël.
Trois caddies prêtés par la biocoop de Kerfautras et de beaux bandeaux en carton décorés sur les tons du Tram, en breton et en français, il n'en fallait pas plus pour afficher clairement le mot d'ordre d'Ai'ta. Première rame dans la dernière ligne droite, le collectif réclame un réseau de transports entièrement bilingue à Brest. Les militants orange voient plus loin, le breton doit s'afficher à la Poste, à la SNCF, partout à l'université.
Le long de la rue Jean Jaurès des passants s'approchent et y vont de la petite image pour la boîte à souvenirs. Car il a fière allure le Tad Nedeleg sur la proue de ce navire de fortune brinquebalant sur les rails. Deux pauses s'imposent devant les temples de la consommation brestoise : Espace Jaurès et Coat Ar Gueven. La lettre au père Noël est lue en bilingue par Dewi Sibiril et une camarade. Le chemin d'une élue croise celui de nos lutins orangés. Damned, les filles et gars de Ai'ta ne doutent pas un seul instant qu'Anne-Marie Kervern se fera un plaisir de déposer la lettre sur le bureau de Monsieur Cuillandre, maire de Brest et Fañch à la ville.
On a déjà obtenu que la mairie garde les noms de stations en breton, s'enthousiasme une jeune militante. Il est vrai que si Menez Paul, Pontanézen ou Mesmerrien ne sont pas passés à la moulinette du français on le doit à la consultation des habitants, invités qu'ils étaient à choisir un nom pour leurs stations. De là à entre-apercevoir une ligne entièrement bilingue français-breton, de la signalétique aux annonces sonores, il y a un pas qu'il est urgent de franchir. A sept mois de l'inauguration tout est quasiment prêt. Personne n'est cependant en mesure de dire si début juillet verra fleurir du breton à l'égal du français sur les panneaux du Tram ou si le bilinguisme restera un souvenir de descente Jean-Jaurèsienne vers le marché de Noël. Le père Noël en mission bilinguisme sur une chaîne de caddies bio ça avait pourtant de la gueule, demandez à des ti-zefs dont le coeur est conquis d'avance.
La question de la réalisation d'un affichage bilingue sera en tout état de cause un test pour « Ya d'ar brezhoneg », la charte dont les élus ne manquent jamais d'évoquer la signature par la ville de Brest. Il y a plus de cinq ans lors de la cérémonie protocolaire la présidente de l'office de la langue bretonne Lena Louarn déclarait que la date du 11 juillet 2006 pourrait marquer une journée historique pour la langue bretonne à Brest. Cet élan ne saurait donc être freiné dès les premiers rails quand le Tram s'élancera au premier coup de Tonnerres de Brest le treize juillet prochain. Un Tram entièrement bilingue est attendu de pied ferme. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres, ou de Jean Jaurès à sa monture.
Pell emañ Yann eus e gazeg