Nantes n'a pas ses Tonnerres comme à Brest ou sa Lune comme à Landerneau, mais Nantes a un voyage ou plutôt leur Voyage ! Alors elle s'habille pour les touristes, pour ne pas dire qu'elle se déguise.
Le Voyage à Nantes (1) est une nouvelle structure qui entend faire un projet culturel pour la promotion de la destination Nantes Métropole, pour sublimer le parcours géographique par des interventions de créateurs dans les plis et replis de Nantes (Jean Blaise). (voir le site)
Impossible de raconter tous les projets des 160 pages du guide (moins les 22 pages en anglais), mais notons que si quelques réalisations semblent originales et intéressantes – on se demande pour d'autres quel est leur intérêt sinon d'avoir soutiré de l'argent aux sponsors pour les concepteurs...
La réouverture de la Tour de Bretagne. La page 17 du guide ne nous dit pas si le bar de l'exposition Le Nid qui s'y trouvera au sommet à partir du 15 juin est aussi un bistro, mais il y aura des sièges et des tables ; ni si avec l'installation suivante Rhizomes on pourra se restaurer de... racines. Il serait temps que, pour plaire aux touristes mais aussi aux Nantais, soit envisagé toute l'année un vrai établissement où consommer en haut de la tour, avant qu'elle soit trop dégradée pour la sécurité – elle date de 1976. Dans le Léon à Ploudalmézeau c'est un régal pour les yeux d'aller manger une crêpe en haut d'un château d'eau au dessus de la côte des abers. Alors pourquoi pas au dessus des maisons de Nantes ?
Le tombeau de François II enfin visible. Le dernier duc de Bretagne et Marguerite de Foix ont un superbe tombeau de marbre oeuvre de Michel Colombe dans la cathédrale de Nantes. Un système va être monté qui permettra une vue plongeante sur la tombeau (p. 11). Nos yeux vont enfin le voir débarrassé de ces grilles au ras du sol. Souhaitons là aussi que cela soit permanent.
Musée Dobrée : ouverture au public de la Tour dite "des Irlandais" avec une vue panoramique sur Nantes dont celle sur la Loire et l'île de Nantes.
Beau cadeau pour les touristes en effet. Après la construction de la chambre d'hôtel éphémère de Tatzu Nishi pour Estuaire en été 2007, visitée librement dans la journée et louée 60 euros chaque nuit (voir le site) cette année c'est un camouflage complet sous un échafaudage actuellement en construction. Il y a quelques jours on pouvait croire que les échafaudages étaient destinés au nettoyage, à une restauration-astiquage de la fontaine de bronze, marbre et granit de 1865. Il n'est est rien.
Un ouvrier prétendit que c'était " pour que la statue puisse faire pipi à l'abri des regards ", une pissotière géante en quelque sorte ! Non, une montagne de planches vertes soutiendra des plots d'escalade.
La conversation s'engagea facilement hier. Germaine s'indigne " Mais quel manque de respect de nos monuments. L'église Saint-Nicolas qui reluit à nouveau à côté, c'est très bien, mais ici, comme si ce truc on pouvait pas le construire ailleurs que sur la fontaine. Il ne manque pas de pelouses ou de bitume à Nantes. Par exemple pourquoi pas sur le parking de la Petite Hollande ? "
" Mais, " intervient Geneviève " vous n'y pensez pas ! Et le paiement du parking ? Et les PV ? Non, ça serait trop de manque à gagner pour la ville, tandis que les touristes, frustrés avec ça, ils n'iront pas demander le remboursement de leur chambre d'hôtel... ".
Et Marcel ajoute : " Faut dire que si elle était monument historique, on arrêterait de la torturer... ". En effet, recherches faites, elle n'y est pas : (voir le site)
On n'ose imaginer la taille du monstre qui habite sous le quartier ! Il paraît que ça fera une butte de verdure : feuilles,tiges volubiles, fleurs et bientôt grosses courges envahiront le monticule.
Pour le moment, des jeunes plants de cucurbitacées, il est vrai mais aussi des capucines. Des plantes qui couvrent bien et vite.
Mais là où ça se gâte – parce que cinq endroits dans Nantes sont dédiés aux “Stations gourmandes” du Service des Espaces Verts – la brochure du Voyage à Nantes expliquant : Ces plantations sont fragiles et en accès libre et les récoltes à disposition du public dans le respect du travail engagé, il est juste à souhaiter que les capucines n'attirent pas de pucerons dont les courges - comestibles – profiteraient aussi ! Il est certain que les abeilles de l'Opéra seraient bien heureuses d'aller butiner plus près que dans les quartiers excentrés si des plantes mellifères trouvaient ici leur place.
Place du Bouffay, où est toujours attendu le retour d'une plaque à la mémoire de Pontcallec, va s'installer une structure de déménageur, de celles qui permettent de déménager de 30 mètres par une échelle extérieure comme une grande échelle de pompiers. Chacun a subi les désagréments en voiture en ville en été, la saison préférée pour déménager, et pourra repenser aux bouchons ! Mais sur la place du Bouffay il n'y a plus de voitures, plus de marché, plus de plaque à Pontcallec, plus de pompe, plus de lampadaire, juste du granit des Côtes d'Armor et d'immenses terrasses de cafés sur un désert minéral.
160 pages format A5, dont 22 en anglais, abondamment illustrée explique et montre, outre le Voyage à Nantes, le prolongement qui en est Estuaire 2012. 96 lieux sont données dans l'index.
Le Voyage, prévient-on, les touristes en page 0, est à faire en deux jours minimum en suivant une ligne rose au sol, et il faut compter une journée pour le parcours Estuaire.
Il est à noter que, contrairement à Ouest France qui mutile régulièrement le nom de notre château des ducs [de Bretagne] dans ses titres et ses colonnes, la brochure du Voyage à Nantes le nomme en entier. Une reconnaissance implicite que ce mot (Bretagne) a son importance pour les touristes ? Car en effet nombre de gens cultivés y compris les étrangers savent que la Loire-Atlantique est en Bretagne...
Les 20 dernières pages de la brochure sont les infos pratiques, horaires, prix et autres.
52 logos de « partenaires », le partenaire officiel étant la SNCF, les autres : institutionnels, médias, projets, services, se retrouvent parfois en double, ayant financé, et le Voyage, et Estuaire. Les 8 millions d’euros de prix de revient annoncés ne sont donc pas exclusivement à la charge de la Ville de Nantes et issus des impôts des Nantais... Ce n’est pas uniquement de l’argent public mais aussi de l’argent privé qui est dépensé – pour “l’Art”.
Pages 152-153 la Région fait sa publicité « Découvrez l’art en région Pays de la Loire » avec mention d’expositions dans ses départements.
Maryvonne Cadiou
N'emploie pas moins de 130 personnes citées en dernière page de la brochure, dont certaines déjà en place dans les structures englobées : Château des ducs de Bretagne, Machines de l'Île. (voir le site) de la Ville de Nantes, page du Voyage.
Note d'ABP : le nouveau carrousel mis en place ce 11 juillet : En passant la souris sur les photos, leurs légendes apparaissent. En cliquant sur les photos, elles s'agrandissent.