Mémoires secrets d'un Breton à la cour de Russie sous Pierre le Grand,
par François Guillemot, dit Villebois
Le destin des hommes est souvent bouleversé par des événements inattendus. Un jour de janvier 1698, un jeune matelot breton, à peine âgé de 17 ans, qui naviguait sur un bateau anglais, eut le sang froid et le courage de prendre en plein tempête, la barre du navire qui allait sombrer alors que le capitaine et le reste de l'équipage, pris de panique, se pensaient perdus. Il réussit à redresser la situation et à sauver le navire, ce qui devait lui valoir de devenir quelques années plus tard un personnage important de l'empire russe. À bord du navire en perdition se trouvait en effet le tsar Pierre le Grand de Russie, qui voyageait alors incognito en Europe de l'ouest. Il proposa au jeune Breton de passer à son service et, à son retour en Russie, il en fit son aide de camp.
Né à Guérande en 1681, François Guillemot allait connaître une formidable destinée, devenant par la suite chef d'escadre dans la flotte russe de la mer Baltique, puis gouverneur du port de guerre de Kronstadt et terminant sa carrière en 1743 avec le grade de vice-amiral de la flotte russe. Il eut deux fils, Daniel et Alexandre, qui allaient eux aussi faire de brillantes carrières dans l'armée russe et avoir une nombreuse descendance en Russie et en Estonie.
Publiés pour la première fois à Paris en 1853 par le comte Théophile Hallez, à partir d'un manuscrit conservé à la Bibliothèque Nationale de France, les Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la cour de Russie sous les règnes de Pierre le Grand et de Catherine Ière, reproduits intégralement dans le livre n'apportent pas eux-mêmes de grandes lumières sur l'histoire générale de la Russie du XVIIIe siècle (certains historiens les soupçonnent d'ailleurs d'être apocryphes) mais ils font découvrir de l'intérieur de nombreux aspects de la vie de Pierre le Grand et de son entourage et ils confirment la rudesse des moeurs ainsi que la brutalité du pouvoir en Russie à l'époque. Ces mémoires laissent imaginer ce que fut la vie du jeune Guérandais arrivant dans cet univers si différent de celui de son enfance bretonne et s'y faisant peu à peu une situation enviable.
En librairie à la mi-janvier 2007, 224 pages, nombreuses illustrations de l'époque, 20 €
Bernard Le Nail