Enfin une bible des sites mégalithiques. Ce livre de plus de 400 pages couvre des centaines de sites : alignements, cromlechs, cairns, allées couvertes, tumulus, menhirs et dolmens. Il a été écrit à l’origine en anglais par sept mégalithologues britanniques et vient d’être traduit en français.
Dans le premier chapitre, Hugh Newman, auteur de plusieurs livres sur le sujet se focalise sur les cercles de pierres. Il avait déjà publié Stone Circles en 2017. Dans le second, Howard Crowhurst, un Gallois établi en Bretagne, lequel étudie les mégalithes du Morbihan depuis de nombreuses années, a écrit 60 pages sur Carnac. Robin Heath s’est consacré à Stonehenge. Robin Heath est un chercheur affilié à l’université du Pays de Galles qui a déjà écrit neuf livres sur la science mégalithique. Un de ses livres est un petit livret intitulé Sun, Moon & Earth qui regroupe tous les chiffres que vous devez connaitre sur le sujet. Il demande à juste titre que ce passé mégalithique soit mieux intégré dans le système éducatif des jeunes. Evelyn Francis fait le tour d’Avesbury, le plus grand cercle de pierres au monde. Gordon Strong présente Stanton Drew près de Bristol, un immense site méconnu. Gerald Ponting fait le tour de Callanish, le Stonehenge écossais. Chris Mansell explore les pictogrammes et l’art rupestre des mégalithes. Enfin le chapitre huit rend hommage au professeur écossais Alexander Thom, le pionnier de l’archéoastronomie.
Le chapitre 3 comporte 70 pages sur Stonehenge. Robin Heath reprend toute l’histoire de ce site extraordinaire dont la construction a commencé en 3150 av. J.-C et s’étale sur 1500 ans. Il reprend chaque phase, chaque cercle et en fait l’histoire de chaque pierre jusqu’à aujourd’hui car des écroulements et des redressements ont lieu régulièrement. Le site est aujourd’hui protégé et on ne peut plus y pénétrer. A la différence de Carnac, qui attends toujours, Stonehenge a été classé au patrimoine de l’humanité par l’Unesco. Les néo-druides y viennent célébrer le solstice d’été et les touristes peuvent quand même s’approcher ou visiter le musée ou le centre d’accueil.
Stonehenge se situe à une latitude particulière puisque l’alignements vers le lever du soleil au solstice d’été est perpendiculaire au lever de la lune au moment d’un lunstice. Même chose à l’autre bout d’une diagonale de ce rectangle magique au centre de Stonehenge avec les couchers au solstice d’hiver. En 1963, Gerald Hawkins et John White ont publié Stonehenge décodé un livre qui dévoile les nombreux alignements astronomiques du monument. Les auteurs vont jusqu’a présenter le monument comme un calculateur en pierre.
Aubrey avait découvert en 1666 les emplacements de 56 trous formant un cercle extérieur. Ce cercle est daté du tout début du site, c’est le premier cromlec’h. Il comportait 56 pierres bleues (les fameuses pierres bleues venant du pays de Galles) et aurait permis selon Hawkins de prédire les éclipses en déplaçant un marqueur de 3 poteaux tous les ans. Pourquoi 56 alors que ce cycle des éclipses est de 18,61 années ? Hawkins explique que trois fois 18,61 années est près de 56 sauf que 55,83 n’est pas encore exacte et cette théorie est contestée.
Le chapitre sur Carnac d’Howard Crowhurst contient une soixantaine de pages. Les lieux les plus emblématiques comme Le Menec, le Grand Menhir brisé, la Table des marchands, Gavrinis, Curcuno, le tumulus Saint-Michel, Kercado, Kerlescan sont décrits et analysés, les alignements vers solstices et lunstices sont signalés. Crowhurst a pris la précaution d’aller revisiter les dessins de Félix Gaillard (1832-1910) et d’autres afin de s’assurer le positionnement de certaines pierres. Tout a tellement été malmené, détruit, débité en pierre de taille, redressé au mauvais endroit que Carnac est devenu un mystère au milieu d’un mystère. A noter que, comme le fait remarquer Crowhurst, Gaillard a été le premier à voir des alignements vers les solstices avant Lockyer en Grande Bretagne.
À la différence de ses prédécesseurs comme le professeur Alexander Thom et beaucoup d’autres mégalithologues qui montrent la construction et la structure sous-jacente des cromlechs par des triangles rectangles, Howard Crowhurst va plus loin : il projette dans les zones habitées de constructions mégalithiques des carrés, des doubles carrés, des triples carrés etc. Il analyse alors la direction des diagonales comme à Curcuno dans le Morbihan. Il a fini par trouver des ensembles de diagonales tout à fait particulières dans plusieurs endroits. Finalement il a mis en évidence un damier spécifique à la latitude de Carnac : un carré de 64 cases, 8 x 8, qui n’est pas banal du tout car y figurent les 8 directions emblématiques du ciel de l’homme du néolithique : les 2 équinoxes, les 4 lunstices et les 2 solstices. Ce dessin parlera à tous. Il met en évidence une relation entre géométrie et astronomie. Cette astrogéométrie apparaît de plus en plus comme une des composantes les plus importantes du mégalithisme.
Il est difficile aujourd’hui de lire un livre sur les mégalithes sans tomber sur le nom de l’Écossais Alexander Thom (1894-1995). Longtemps professeur d’ingénierie à l’université d’Oxford, il s’est passionné très tôt pour l’étude des mégalithes, d’abord en Écosse et puis partout jusqu’en Bretagne. Il est souvent cité car il a re-découvert les unités de mesures des bâtisseurs du néolithique: Le « yard mégalithique » qui fait 82,9 cm et était la même unité de mesure de Carnac jusqu’aux îles Orkney, et la « toise mégalithique » qui fait 2,5 YM soit 2,07m. c’est aussi lui qui a compris qu’il fallait replacer les cromlechs et les grands menhirs dans la géographie des lieux. En Écosse, il a montré que les horizons au relief découpé ont servi de marqueurs extrêmement précis pour enregistrer des couchers ou des levers de lune lors ce ses déclinaisons les plus extrêmes.
Les constructeurs de mégalithes pouvaient prédire les éclipses comme les Chaldéens, les Grecs, les Egyptiens et les Chinois, mais aussi les marées du siècle (à peu près le même cycle que les éclipses) et bien sûr les grandes marées tout court et autres phénomènes liés au cycle de 18,6 années qu’effectue la lune dans ses rapports avec notre planète et le soleil. Ils suivaient aussi un autre cycle presque de la même durée. Le cycle métonique (du nom du grec Metone) qui fait 19 ans exactement. A ne pas confondre avec le cycle de 18,6 ans dit cycle de Saros. Au bout de 19 ans, soit 235 mois lunaires, le calendrier lunaire rejoint le calendrier solaire, les phases de la lune retombent le même jour à une heure et 27 minutes près !