Gwaz Ru, c'est l'homme rouge, l'homme révolté, l'anarchiste naturel de la montagne bretonne.
Montagne... montagne c'est peut-être un peu vite dit, en effet, le héros, Nicolas Scouarnec est né dans les environs de Briec !
Scouarnec, que tout le monde appelle Gwaz Ru est, dans les années vingt, l'ouvrier agricole, mal pensant, aux prises avec des fermiers exploiteurs. Comme en ligne direct il cède alors au chant des sirènes du Parti Communiste au temps de ''classe contre classe'' puis émigre à Kemper où il s'embauche dans le bâtiment, d'abord man½uvre puis maçon il découvre aussi l'envers ( l'enfer) du décor, du sectarisme, du stalinisme ordinaire des lendemains qui devaient chanter !
Tant et si bien que, sur la pointe de ses botou koat, il plantera là les commissaires politiques du socialisme scientifique, local. A Kemper il se lie avec un jeune professeur de philosophie, il découvre l'analyse politique, le nihilisme aussi, fricote un temps avec le mouvement breton... Une rencontre avec un couple maraîcher le fera, avec femme et enfants, revenir à la terre. La France est défaite, la Bretagne est occupée. Sans être vraiment résistant, il aide les clandestins qui font le coup de main contre les nazis. L'histoire aurait pu s'arrêter là mais c'était sans compter avec ses anciens camarades du P.C qui ne détestent rien tant que ceux qu'ils nomment les renégats. Le rebelle, l'anar, Gwaz Ru, à la Libération, le paiera...
Comme à son habitude la plume de Hervé Jaouen est sans reproche, émaillée d'expressions bretonnes ; ce roman se lit d'une seule traite et offre un petit voyage dans les coulisses, peu reluisantes, du Parti Communiste du temps où il se targuait d'être le phare de l'émancipation des masses !
Gwaz Ru, Hervé Jaouen, Editions des Presses de la Cité, 336 pages, 21,50 euros.