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Lettre ouverte à la Mairie de Rennes
Lettre ouverte à Mme Ana Sohier, élue en charge du patrimoine culturel immatériel de la Ville de Rennes et à M. Delaveau, maire de la Ville de Rennes. De la justice pour le gallo
Par Marie Berdasse pour Chom tai ! le 13/06/12 19:40

De la justice pour le gallo

Lettre ouverte à Mme Ana Sohier, élue en charge du patrimoine culturel immatériel de la Ville de Rennes

et à M. Delaveau, maire de la Ville de Rennes

Le collectif Chom Tai ! proteste vivement suite aux propos tenus par Mme Ana Sohier dans une interview donnée au Mensuel de Rennes du mois de mai dernier dans un article intitulé « On a toujours parlé breton à Rennes ».

A la question posée par la journaliste : « La culture gallèse prédomine à Rennes, pourquoi défendre la culture bretonne? Mme Sohier répond : « C’est historique. Le breton a toujours existé à Rennes. Aujourd’hui, il n’y a plus de frontières linguistiques. Avant, la majorité des bretonnants habitait en Basse Bretagne. Maintenant, les gens apprennent le breton à Rennes. Il faut se tourner vers l’avenir. La langue, c’est un patrimoine, elle doit rentrer dans l’espace public. Le but : la valoriser. Quant à la culture gallèse, c’est plus difficile. L’écrit en gallo n’existe pas. On réfléchit donc à l’oralité. Toujours est-il que nous devons continuer à préserver notre culture ».

Mme Ana Sohier, élue en charge du patrimoine culturel immatériel à la Ville de Rennes depuis 2008 parait méconnaitre totalement ses dossiers notamment au sujet du gallo et de la culture gallèse.

Rappelons que le bilan de l’élue et de la municipalité de ces quatre premières années de mandat sur ce thème est proche du zéro pointé…

>Déclarer que la raison pour laquelle la municipalité n’agit pas pour la visibilité du gallo dans l’espace public est que « l’écrit en gallo n’existe pas » est stupéfiant, et mensonger.

- Doit on rappeler à Mme Sohier que des éditions de dictionnaires, de grammaires, des bandes dessinées, des articles de journaux fleurissent en gallo depuis trente ans ?

- Que les premières traces écrites du gallo trouvées dans un des ouvrages d'Étienne de Fougère, évêque de Rennes, datent du XIIe siècle ?

- Que la première anthologie de littérature contemporaine en gallo est parue en 1982 ?

- Qu’il existe des concours régionaux d’écriture en gallo depuis 17 ans où chaque année les participants sont de plus en plus nombreux ?

- Que le gallo est enseigné dans les collèges et lycées de Haute Bretagne depuis 1984 et (en intermittence) à l’Université Rennes 2 depuis depuis 1996 ?

- Que les principales associations régionales de défense et de promotion du gallo ont leur siège à Rennes ?

- Que le festival Mill Góll, qui met en avant les initiatives associatives et artistiques de toutes sortes pour la langue gallèse se déroule à Rennes depuis 10 ans sur la place du Parlement chaque mois de septembre ?

- Qu’il existe des systèmes graphiques propres au gallo ?

Dans quels buts Mme Sohier pratique-t-elle cette désinformation dans un magazine rennais ?

Il n’est pas possible de dire que le gallo ne s’écrit pas. Certes, il existe des divergences entre certains acteurs comme il en existe pour le breton et pour la majorité des langues dites minoritaires. Que faudrait-il dire des plus de 95 % des langues non écrites dans le monde ? Qu’il ne sera rien fait pour les sauvegarder parce qu’elles ne s’écrivent pas ?

Avancer l’argument de l’écriture en gallo est un faux argument pour…ne rien faire et Mme Sohier justifie ainsi une politique discriminatoire vis-à-vis du gallo. En outre, déclarer qu’il n’y a plus de « frontières linguistiques » pour mieux imposer le breton est une négation culturelle de son propre territoire. Nous ne nous opposons pas au breton mais les langues doivent être traitées avec équité.

Le gallo, langue historique de la ville, a toute légitimité pour entrer dans l’espace public et a « le droit à un avenir » comme toute langue.

Mme Sohier est en charge du patrimoine culturel immatériel " creuset de la diversité culturelle et garant du développement durable ", elle se doit d’être garante de la mise en oeuvre d’efforts pour la sauvegarde de cette diversité.

Chom tai! déplore l’absence de prise en compte de la langue gallèse dans la politique de la ville de Rennes.

- Chom tai ! demande une écoute de la part de la municipalité et une politique d’équité entre le breton et le gallo.

- Chom tai ! demande la mise en place d’une réelle politique de préservation et de conservation du gallo.

- Chom tai ! demande des mesures basiques immédiates de reconnaissance telle que la signalétique des entrées d’agglomération en gallo et une introduction dans la future ligne de métro.

- Chom tai ! a envoyé un courrier à M. Delaveau et Mme Sohier le 30 avril dernier (avant la parution de l’article dans le Mensuel de Rennes) leur demandant leur position sur la langue et la culture gallèses et les actions envisagées ; le bilan du mandat de Mme Sohier étant encore plus maigre que pour le breton. La municipalité n’a pas daigné nous répondre. Nous lui demandons dès à présent de préciser sa position et la politique qu’elle compte mettre en oeuvre.

"Chom tai !" collectif de citoyens bretons. (voir le site)

Voir aussi :
Le collectif "Chom tai!" ("Lève-toi!" en gallo) milite pour une meilleure prise en compte, valorisation et reconnaissance de la langue gallèse dans l’espace public et social.
[ Voir tous les articles de Chom tai !]
Vos 2 commentaires
Reun Allain Le Jeudi 14 juin 2012 23:13
Etrangement cette campagne en faveur du gallo dans ce contexte me semble être plus dirigé contre la visibilité du breton dans l’espace public breton qu’en faveur du développement de cette langue romane qui n’est d’ailleurs pas une exclusivité de la « Haute Bretagne ». Cette séparation entre « Haute » et « Basse Bretagne » n’a plus aucun sens à notre époque et la réaction de Mme Ana Sohier me parait très juste sur ce point. Depuis si longtemps que les Bretons originaires de Bretagne occidentale participent au développement de l’est breton, ce territoire est aussi le leur. La question du gallo se pose sans doute mais alors pourquoi limiter la défense de cette langue romane commune à l’ouest français sur le seul territoire breton en opposition avec la langue bretonne ?
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Job LE GAC Le Vendredi 15 juin 2012 00:14
Mme Ana Sohier a répondu ce qu'elle devait, ou ce qu'elle pouvait?? . .. toujours est il qu'elle va dans le bon sens! . .. sans doute de façon incomplète, mais dans le bon sens ! . . .
En Bretagne, il est utile que chacun fasse "son" devoir, après on appréciera ! . .. mais seulement après ! . .
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