Monsieur Nicolas Sarkozy
Président de la République
Palais de l'Élysée
55 rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Monsieur Le Président,
Votre déclaration lors du Congrès des maires de France, en exprimant le souhait d'une réflexion sur une nouvelle organisation du territoire d'ici au printemps 2009, en évoquant, pour exemple, la situation de la Ville de Nantes et le fait qu'elle ait été la capitale de la Bretagne, alors qu'elle appartient, aujourd'hui, administrativement à la région des Pays de la Loire, a suscité un très grand intérêt.
Elle a dans le même temps, provoqué une vague d'espoirs chez les partisans du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne qui depuis se sont polarisés sur le sujet.
Je veux tout d'abord, quant à moi, croire que l'évocation que vous avez faite n'est pas « un effet d'annonce » et n'a aucun rapport avec les débats parlementaires concernant la loi « Écotaxe poids lourds » et les conséquences désastreuses que cela pourrait avoir… pour la Bretagne, ce dont je vous ai fait part dans ma lettre du 18 novembre dernier. Ce qui serait, de surcroît, la négation de l'engagement historique du général de Gaulle dans son discours de 1969 à Quimper.
Pour vous avoir souvent entretenu, dans le cadre vos différentes responsabilités, de la teneur de ce lourd dossier, je me permets, par la présente de vous faire état de mes réflexions.
Chacun sait que, depuis votre avènement au plus haut sommet de l'État, toute décision importante n'est prise par le gouvernement ou l'un de ses ministres que dans la mesure où elle a été, soit instillée par vous-même ou sans qu'elle ait reçu votre aval.
Aussi je me suis félicité, en son temps, que dans le cadre de la réforme de la carte judiciaire, l'idée initiale qui était de « de détacher de la Cour d'Appel de Rennes, les deux tribunaux de Grande Instance de Nantes et de Saint-Nazaire et de les placer sous la juridiction de la Cour d'Appel d'Angers » ait été, grâce je n'en doute pas, à votre arbitrage, abandonnée.
Comme je vous l'indiquais dans mon courrier du 27 septembre 2007, le contraire serait apparu comme, plus que la volonté de réformer la Carte judiciaire, celle de « supprimer le dernier maillon fort de l'appartenance bretonne du département de la Loire-Atlantique et cela malgré les volontés de la population et les vœux exprimés dans le même sens par les élus du Conseil général de Loire-Atlantique et Conseil régional de Bretagne.
J'appelle quant à moi, de mes vœux, depuis 1989, la réforme plus générale de l'ensemble de la pyramide institutionnelle, en défendant l'idée que la Région est, au niveau des institutions, le point d'appui le plus fort à prendre en compte car c'est l'échelon qui répond le mieux à toutes les exigences de la modernité.
La Région Bretagne, quant à elle, est fortement identifiée et cela dans le Monde entier. Ce qui est un gage pour l'internationalisation de ses échanges, cela au bénéfice de toute la collectivité nationale et son économie.
Aussi, la création d'une Région « GRAND-OUEST » intégrant les Pays de Loire et la Bretagne administrative actuelle, reposant sur la volonté technocratique de hauts fonctionnaires comme le démontre la carte de 2003 « Les hyperrégions des missions interministérielles d'aménagement du territoire » nierait la prise en compte des paramètres historiques, linguistiques, culturels, sociologiques et, bien sûr, économiques.
Dans ce dernier domaine, on peut s'interroger, entre autres questions, de ce que deviendrait, dans cette hypothèse, une association, unique en son genre et véritable modèle de dynamisme et d'initiatives, comme « Produit en Bretagne » qui regroupe 200 entreprises et plus de 100.000 salariés sur les 5 départements bretons ?... « Produit en Grand-Ouest ? »
Ce que les Bretons veulent c'est une Bretagne réunifiée qui œuvrera, ouverte, avec une volonté de coopération interrégionale. Outre que cesseront les discriminations subies depuis plus de 60 ans par les Bretons de Loire-Atlantique, ce qui est en contradiction avec la Convention culturelle européenne signée en 1955 par Pierre MENDÈS-FRANCE, au nom de la France, cela sera de nature à redonner, aux Bretons, confiance dans les institutions.
Sur le plan de la méthode, il est bon de rappeler que leur avis n'a pas été demandé aux Bretons le 30 juin 1941.
Aussi, depuis 10 ans, je défends que « ce qu'un décret a fait, un décret doit le défaire. »
Au nom de la clause humanitaire vous avez fait annuler, en octobre dernier, le décret d'extradition de Marina PETRELLA.
Pour que la Bretagne ne continue plus à vivre à l'heure de VICHY, au sein de la République française, je me permets, de solliciter solennellement, de votre Haute Autorité, au nom de l'Histoire, de la légitimité de la cause et de la simple équité, l'abrogation du décret de Pétain signé le 30 juin 1941 pour le gouvernement de VICHY.
Je vous assure, Monsieur Le Président, de l'expression de ma haute considération.
Gérard GAUTIER, ancien conseiller régional de Bretagne
Saint-Brieuc le 4 décembre 2008