GENDRY, Mickaël, « Sur le passé romain des anciens rois de Bretagne », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome CL, 2022, p.185-217.
Résumé
Les généalogies royales des Bretons insulaires et continentales insulaires proposent un discours des origines qui puisent dans les mythes qu’elles recomposent à l’envi. Leur élaboration correspond largement des fictions politiques qui fixent la mémoire des dynasties autant qu’elles les fondent. La filiation de Troie par la légende de Romulus et Rémus est un moyen de s’attacher au monde romain et de fonder par antériorité des dynasties et des royaumes. À l’époque carolingienne, le titre de « roi » se retrouve au cœur des débats mais les velléités de dominations des Francs se heurtent cependant, très tôt, à la résistance des Bretons et les campagnes militaires des Carolingiens témoignent d’une indépendance de fait ou d’une large autonomie des Bretons. La propagande ducale réinterprète les sources aux XIVe et XVe siècles pour prouver l’antériorité de la dynastie de Bretagne et du duché sur le royaume de France. Elle participe à la construction du roman national de la Bretagne continentale à la fin du Moyen Age.
L’étude des sources historiques révèlent également l’étonnante continuité de la titulature royale au premier Moyen Âge dans la Bretagne armoricaine. La dichotomie croissante sur la titulature royale entre les Bretons et les Francs va de pair la définition d’une mystique royale des Carolingiens à partir du IXe siècle qui apparaît comme une nouvelle conception de la monarchie d’essence divine. Les Carolingiens tentent de se réserver l’exclusivité de la délégation de la titulature royale à partir du IXe siècle.
Diverraddur
Lignezou roueed Vreiz tra-mor hag an douar braz a ginnig eur prezeg diwar an orinou a gemerer er mojennou adsavet ganto a-heligenta. An doare m’int bet savet a ziskouez faltaziadennou politikel ijinet hag a gont istor al lignezou kement ha ma z int diazezet warno. Orin Troia dre vojenn Romulus ha Remus zo eun doare d’en em staga ouz bed Roma ha da zevel lignezou ha rouanteleziou ar hosa posubl. Da vare Charlez Veur ema adarre an titr a « roue » e-kreiz an divizou, med damhoantou mestroni ar Franked a ya a-benn koulskoude, abred-kenañ, e enebiez ar Vretoned, ha kampagnou soudarded Charlez Veur a zougen testeni eo dizalh ar Vretoned evid gwir pe emren da vat. Er XIVved ha XVved kantved, bruderez an Duke deo addispleget ar mammennou ganto evid proui e oa kosoh lignez Vreiz eged hini rouantelez Bro-Hall. Kemer a ra perz e saverez romant broadel Breiz an douar braz e dibenn at Grenn-Amzer.
Plan de l'article :
1. Les généalogies royales, entre enjeu de mémoire et fiction politique.
1.1. Des généalogies royales comme des mythes étiologiques : la légende troyenne de l’origine des rois bretons.
1.2. Conan Mériadec, premier roi de Bretagne ?
1.3. Aux sources des généalogies royales, les Vies de Saints.
- La généalogie de saint Gurthiern
- La généalogie de saint Winnoc
- La généalogie de saint Judicaël
- La généalogie de saint Mélar
2. Des rois dans l’orbite du regnum francorum.
2.1. Les rois bretons et les Francs mérovingiens
- Des comtes et des rois dans l’Antiquité tardive.
- Judicaël, le premier roi sanctifié
- Des regna (royaumes interfaces) à la périphérie du regnum francorum
2.2. Des rois bretons dans l’Empire carolingien
2.2.1. La marche de Bretagne et les campagnes militaires des francs
2.2.2. La formation d’un royaume unifié de Bretagne
- Le chef Murman, roi des Bretons
- Nominoë, missus de l’Empereur Louis le Pieux
- Erispoë, premier roi de Bretagne ?
- Salomon, roi de Bretagne et martyr ?
- La titulature royale ne disparaît pas avec les incursions vikings.
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