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- Communiqué de presse -
Les langues régionales dans la Constitution
À tous les députés bretons. Madame, Monsieur le Député, La coordination Défense et Promotion des Langues d'Oïl réunie en conseil d'administration le 5 juillet 2008 à Anost dans le Morvan a pris connaissance des débats relatifs à la prise en compte des langues régionales dans la Constitution
Par Bertaeyn Galeizz pour BERTAEYN GALEIZZ le 9/07/08 10:05

Mardi 8 juillet 2008

Crisstof Simon
Président de D.P.L.O.
27 A avenue Gros Malhon
35000 Resnn/Rennes

Jean-Luc Ramel
Président de Bertaèyn Galeizz
26 avenue Donzelot
35700 Resnn/Rennes

À tous les députés bretons


Madame, Monsieur le Député,

La coordination Défense et Promotion des Langues d'Oïl réunie en conseil d'administration le 5 juillet 2008 à Anost dans le Morvan a pris connaissance des débats relatifs à la prise en compte des langues régionales dans la Constitution. L'adoption par l'Assemblée Nationale de l'amendement Le Fur introduisant les langues régionales comme patrimoine de la France dans l'article 1 de la Constitution était une avancée majeure pour la reconnaissance des langues régionales en France. Les membres de D.P.L.O. et les associations qu'ils représentent, regrettent fortement son rejet par le Sénat.

Nous encourageons les députés à porter une attention éclairée aux prochains débats qui auront lieu à l'occasion de la présentation d'un nouvel amendement visant à réintroduire les langues régionales dans un autre article de la Constitution. Seul le vote et l'application d'une loi conforme à cette constitution donnera par la suite des droits aux locuteurs de ces langues et réconciliera en partie la France avec son histoire en garantissant leur protection.

Nous rappelons aussi que la France reste en retard quant à la reconnaissance des droits linguistiques de ces citoyens en n'ayant toujours pas ratifié la charte européenne des langues régionales et minoritaires. Notre pays est en totale contradiction avec lui-même quand il exige des États entrants dans l'Union Européenne la ratification de cette charte par souci d'éviter le démantèlement de ces États alors qu'il peine à reconnaître la diversité linguistique en son sein par crainte de diviser la Nation. Sous peine de perdre toute crédibilité sur ce sujet au niveau international la France ne peut continuer à tenir un double langage.

En outre, D.P.L.O. tient à vous faire part d'un élément important, souvent oublié, quant à la situation glottopolitique française.

La partie septentrionale de la France possède, comme vous le savez, un contexte linguistique extrêmement varié par l'existence sur son territoire de langues dites du domaine d'oïl. Le gallo en Bretagne, le picard, le poitevin-saintongeais, le morvandiau-bourguignon, le champenois, le wallon (parlé sur trois cantons français limitrophes avec la Belgique) et le normand font l'objet de mouvements culturels structurés, de processus d'unification et de politiques de plus en plus développées de la part des collectivités locales. Les langues du domaine d'oïl subissent de la part de l'État une vraie discrimination face aux autres langues régionales, voire une remise en cause de leurs acquis (suppression d'option facultative en IUFM).

Longtemps reléguées au rang de dialecte du français ou, pire, stigmatisées et traitées de « patois » indigestes, les langues du domaine d'oïl sont aujourd'hui majoritairement considérées par les linguistes comme des langues à part entière et défendues par les militants comme telles. Nous pensons que la reconnaissance constitutionnelle et législative des langues régionales ne concernent donc pas seulement les langues géographiquement éloignées de Paris ou les langues typologiquement très distinctes du français comme le breton. Bien qu'elles soient de la même famille que le français, les langues du domaine d'oïl, spécialement celles déjà représentées au sein de D.P.L.O, sont tout autant concernées par l'introduction des langues régionales dans la constitution française.

Il nous apparaît par ailleurs évident que tous les députés et sénateurs élus dans les régions touchées par le domaine linguistique d'oïl doivent aussi tenir compte de ces réalités sociales et culturelles en portant un jugement favorable aux amendements destinés à inclure nos langues dans la constitution. Bien plus, nous estimons avec conviction que les amendements proposés ne présentent pas seulement un intérêt pour la sauvegarde et la transmission de nos langues aux générations futures mais participent véritablement au fonctionnement minimal d'une démocratie moderne.

D.P.L.O. et les associations membres de la coordination interpellent aujourd'hui les députés et bientôt les sénateurs qui représentent aussi les populations locutrices de nos langues régionales, pour leur demander instamment de combler le fossé qui se creuse entre le peuple français et les institutions de l'Etat censées révéler sa personnalité.

Les membres des bureaux de D.P.L.O. et de Bertaèyn Galeizz se tiennent à votre disposition pour de plus amples informations sur nos langues.

Veuillez agréer, Madame, Monsieur le Député, l'expression de nos salutations respectueuses.

Crisstof Simon

Jean-Luc Ramel

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