Alors que le taux de chômage (officiel) en France est aujourd'hui de 7,5 % (et de 6,3 % dans les quatre départements de la région administrative), le taux de chômage est tombé à 3,9 % dans le Pays de Vitré - Porte de Bretagne à la fin du mois d'avril, passant ainsi pour la première fois au-dessous de 4 % depuis des années. C'est un événement auquel on n'a pas assez prêté attention.
Avec le Pays d'Ancenis, en Loire-Atlantique, le Pays de Vitré est ainsi le pays de Bretagne où la situation de l'emploi est la meilleure. Ces deux pays des marches de Bretagne sont caractérisés depuis des années par un étonnant dynamisme démographique, la jeunesse de leur population et l'importance du secteur secondaire (industriel).
Le Pays d'Ancenis a une population de 51 705 habitants, dont 32,5 % ont moins de 25 ans. Le Pays de Vitré a dépassé les 87 000 habitants et 30 % de ses habitants ont moins de 20 ans. 42 % des actifs y travaillent dans l'industrie (contre 19 % pour l'ensemble de la région administrative).
Ce qui frappe dans ces deux pays de Bretagne de forte tradition rurale, c'est la diversité des activités économiques. L'économie de l'un et de l'autre ne dépend pas d'une industrie dominante, voire d'une mono-industrie (comme ailleurs la construction navale, la construction automobile l'aéronautique ou le secteur agro-alimentaire), mais on y voit cohabiter des entreprises industrielles dynamiques bien préparées à la mondialisation, comme par exemple à Ancenis : Manitou, Toyota, la fonderie Bouyer, Terrena (ex-Cana) et de nombreuses PMI travaillant pour des marchés très divers, ou à Vitré : la SVA, Cooper, Allflex, Délices du Val Plessis, Texier, Oberthur et également de nombreuses PMI.
C'est cette diversité qui permet d'encaisser sans problème majeur d'éventuelles fermetures d'entreprises. Ainsi, quand les patrons japonais du groupe Mitsubishi ont décidé brutalement de fermer leur usine d'Étrelles et de licencier ses 1 000 salariés, tous les acteurs économiques du Pays de Vitré se sont serrés les coudes et, moins d'un an après, 950 de ces salariés avaient retrouvé un emploi.
Bien sûr, ces deux pays de Bretagne bénéficient de leur position géographique, de la facilité des relations avec la région parisienne et les autres régions fortes de l'Union européenne, notamment grâce à la desserte par TGV et par autoroute, de leur proximité des agglomérations de Nantes et de Rennes, de leur très faible dépendance des activités de l'État (arsenaux, manufactures et autres entreprises publiques), mais, indiscutablement, leur force tient d'abord aux excellentes relations qui existent entre tous les acteurs politiques, économiques et sociaux, au refus de "mettre tous les œufs dans le même panier" et à un esprit d'entreprise qui amène des artisans, des cadres et d'autres à se lancer dans la création de nouvelles activités économiques.