Au petit matin dans la brume, les immenses silos de la CECAB ( plus de 1,4 milliard d'euros de chiffre d'affaires- Chiffres exercice 2007) sont à peine visibles. Ces grands losanges que l'on voit de la voie express, pleins de milliers de tonnes de soja, céréales, à destination du bétail, permettraient d'alimenter environ 5000 exploitations.
Les militants anti-OGM, venus de toute la France, sont sur les lieux depuis 6h30. "La démocratie ne fonctionne pas, c'est pour cela que nous sommes ici". Ils s'introduisent dans le bureau du directeur, expliquent leur point de vue. Pour eux, "l'acteur actif de la production céréalière" est un symbole de l'économie, puisqu'il leur faut acheter du mais transgénique. Ils veulent alerter la population que le bétail nourri ici en Bretagne l'est à partir d'alimentation transgénique. En effet, tous les cochons breton sont nourris par du soja OGM en provenance d'Argentine ou du Brésil.
Les chauffeurs ont au début du mal à comprendre : "laissez-nous travailler". Un vétérinaire réclame le passage car il a des médicaments. Les gendarmes sont dans les bureaux, passent quelques coups de fil. Les vingt camions au dehors attendent, certains repartent vides, agacés d'attendre, surtout ceux qui perdront une journée de travail s'ils restent.
Les entrées sont bloquées par les militants, pas d'entrée, pas de sortie. Des grands panneaux indiquent les grands slogans qui montrent l'importance des OGM, qui permettent aux multinationales de s'enrichir alors qu'à l'autre bout du monde "des gens se font gicler de leur terre par des gros propriétaires, vont remplir les bidonvilles du sud, composés de 90% de petits paysans qui ont perdu leur terre".
Le directeur fait les cent pas, va constater l'installation des "envahisseurs" qui s'installent, cuisent la soupe, jouent de la guitare. Deux abeilles déguisées passent pour réclamer une vie plus décente, les échanges vont bon train, on compare les derniers fauchages, les dernières interventions, les avancées et les reculades.
Leur revendication ? Un moratoire immédiat sur l'importation d'OGM dans les pays européens ainsi que la transparence sur l'étiquette, permettant un choix clair des produits issus d'animaux nourris avec ou sans OGM. Leur volonté : se faire entendre, faire que ça bouge, pour les pays du Sud, comme pour les pays du Nord qui sont sous informés.