Ievlóiev a reçu un coup dans une voiture policière après avoir été arrêté, selon plusieurs sources.
Magomed Ievlóiev, propriétaire du journal en ligne ingouche Ingushetiya.ru, est mort hier dimanche 31 après que la police l'ait arrêté à l'aéroport d'Ingouchie. Selon le blog Ingushetiya.ru (la page officielle était inaccessible hier), Ievlóiev aurait été assassiné par les agents, dans la voiture policière, les mêmes qui l'auraient conduit à l'hôpital, sans que les médecins aient pu faire quoi que ce soit pour lui sauver la vie.
Reporters sans Frontères (RSF), a critiqué durement la mort d'Ievlóiev, et corrobore que le journaliste est mort tandis qu'il était "aux mains des agents". Dans un communiqué de presse, l'organisation dit que le ministère de l'Intérieur d'Ingouchie assure que le coup de feu est parti de façon "accidentelle", tandis que le journaliste essayait de résister lors de son arrestation. Cette arrestation s'est déroulée alors qu'Ievlóiev descendait de l'avion où se trouvait le président ingouche, Murat Ziàzikov, étroit allié du Kremlin.
Le site web Ingushetiya.ru, ajoute RSF, n'est plus consultable du territoire ingouche depuis le 26 mai, quand la justice russe a décidé d'en suspendre la publication pour avoir édité de présumés "articles extrémistes".
Assassinat pour indépendantisme ?
Le journal Caucasus Times liait, dans son édition d'hier, la mort d'Ievlóiev avec ses positions politiques indépendantistes. Selon cette information, le propriétaire d'Ingushetiya.ru avait l'intention de s'adresser à la communauté internationale pour demander son aide à l'indépendance de l'Ingouchie contre la Russie. L'information ajoute qu'Ievlóiev voulait dénoncer la "propreté ethnique" que, selon son point de vue, la Russie exerce contre le peuple ingouche.
Le journal digital d'Ievlóiev s'était distingué par ses critiques contre les autorités russes et aussi contre Ziàzikov. Le site web a subi nombreuses difficultés à cause de sa ligne éditoriale, dans un État, la Russie, où le journalisme indépendant a beaucoup de difficultés pour exercer sa mission.
Des organisations comme Human Rights Watch ont critiqué récemment les méthodes de la Russie en territoire ingouche. Selon l'organisation, les autorités fédérales sont responsables de "violations des droits de l'Homme", d'"assassinats" et de "disparitions forcées".