Voici donc l’affaire du prénom du petit Fañch relancée par le parquet, qui se pourvoit en cassation après la décision de la cour d’appel de Rennes de valider finalement le tilde, à la suite de mois de tergiversations juridiques.
Il faut avouer que pour la plupart des Bretons, c’est l’incompréhension la plus totale, surtout quand on sait, entre autres, que le secrétaire d’État à l’intérieur Laurent Nuñez tient lui beaucoup à son tilde et que sur Paris, cela ne dérange personne.
De deux choses l’une, soit cette relance du parquet est une plaisanterie, une sorte de défi potache lancé par des juges qui s’ennuient, ou alors certains ont décidé de détruire, jusqu’à l’obsession, toute trace de Bretagne dans nos contrées.
En tout cas, en fonction de la décision de la cour de cassation, l’affaire finira probablement devant des instances juridiques européennes. Tout ça pour un tilde ? Il est vraiment regrettable que sur Paris il n’y ait plus un Montesquieu en activité : imaginiez les fulgurantes lettres persanes qu’il pourrait écrire !
Ainsi, pendant que des juges combattent vaillamment le tilde : les Balkany sont toujours en poste. L’affaire de l’attentat de Karachi de 2002 et des rétro-commissions vers Paris est toujours au point mort. Mais encore, contrairement aux gradés belges, l’armée française n’a jamais été entendue en ce qui concerne le génocide rwandais de 1994. Nicolas Bismuth Sarkozy, lui, n’a pas encore écopé de la moindre peine. Dominique de Villepin s’en est tiré avec les honneurs dans l’affaire Clearstream. Christine Lagarde, partie prenante dans l’affaire Tapie, règne au FMI. Alexandre Benalla a pu escamoter un coffre-fort avant perquisition. Etc.
Pendant ce temps, Carlos Ghosn a été mis au frais au Japon. Au Portugal, l’ex premier ministre José Socrates a fait 9 mois de prison ferme, et ses ennuis ne sont pas terminés. Dans certains pays du nord de l’Europe, on peut perdre sa fonction élective pour avoir fait le plein d’essence avec une carte bancaire non appropriée. Même Berlusconi a eu droit à un bracelet électronique en Italie. Rappelons que les pays européens précités ont par ailleurs signé et ratifié la Charte des langues minoritaires, et acceptent donc tous les tildes possibles et imaginables. Cela laisse probablement plus de temps aux juges pour travailler sérieusement.
La justice française est quant à elle classée par le CEPEJ, en 2015 (et cela ne s’est pas amélioré depuis), au 37ème rang sur 43 des justices européennes en termes de moyen et d’efficacité. Visiblement, ce n’est pas qu’une question de moyens financiers.
Frank Darcel, président de Breizh Europa
CEPEJ : organisme de contrôle de justice européen