Ceux qui habitent loin des villes sont toujours sous-estimés et mal servis et quand le soin de planifier et de veiller à l'équilibre des territoires est remis aux intérêts privés, la situation s'aggrave.
Les habitants hors des grandes villes n'ont jamais bénéficié de réseaux établis gratuitement sur la base d'un retour sur investissement (abonnements futurs).
Ils ont toujours du payer de leur poche pour les réseaux d'eau, d'électricité et de téléphone.
L'ADSL a été établi sur un réseau de fils de cuivre dont l'Etat a fait cadeau à France Télécom, parce que celui-ci avait des d'énormes sureffectifs.
L'heure est à la fibre optique, seul moyen efficace de gérer le flot d'images que consomment et émettent les entreprises et les individus.
Un débit de 100 mégabits/seconde est considéré comme normal pour le télétravail et pour gérer les gros fichiers (beaucoup de Bretons ont 200 fois moins).
Le pire, c'est que le monopole historique ne souhaite qu'une chose : qu'il reste le plus possible de cuivre pour (mal) desservir ceux qui ont l'impolitesse d'habiter loin (4 km !) de ses armoires.
La fibre optique, c'est pas cher, c'est solide, ça se met n'importe où et parfois n'importe comment.
La Chine fibre ses immenses villes en fixant les fibres par de simples agrafes dans les cages d'escalier.
En France, l'autorité de régulation (ARCEP) se contente de recopier les «normes» des groupes du BTP qui sont juges et parties.
22 milliards pour fibrer tous les foyers de France, c'est une blague, parce que c'est invérifiable.
La Région Bretagne a voté un plan d'accompagnement du fibrage que lui envient beaucoup d'autres régions.
Il a été piloté et promu avec intelligence par Gwénégan Bui, vice-président et, devenu depuis juin, député socialiste de Morlaix.
Principes généraux :
- 1,2 millions d'euros en trois phases
- Les plans locaux sont sous la responsabilité des communautés de communes
- La Région fournit aux communautés l'assistance technique
- Priorité au Finistère et aux Côtes-d'Armor, en commençant par les plus petites communautés, en «compensation» des investissements à l'Est dans la ligne à grande vitesse
Mais, il y a un bug : comme les régions françaises sont administrativement faibles, elles sont incapables de gérer de manière efficace et légale les marchés publics au profit de l'économie locale.
Ainsi, le premier lot est une tranche de 400 000 euros attribués à Eiffage, ce qui est synonyme de déperdition d'argent, d'exportation des profits et surtout d'exclusion de nombre de PME dont on n'a pas aperçu le potentiel en terme d'économies et de stimulation des formations professionnelles.
Et Eiffage se plaint de ne pas trouver assez vite du personnel local !
Un deuxième bug est de chercher à fibrer les campagnes comme on fibrerait les Champs-Elysées.
On peut utiliser l'aérien (potaux électriques, façades), les tranchées non cimentées, et, peut-être même les égoûts non visitables pour diviser les coûts d'un facteur 3 à 5.
Poser des fourreaux vides quand on ouvre les rues ne coûterait pas cher et rapporterait aux communes.
Il y a, en Bretagne, de nombreuses entreprises qui pourraient assurer les génie civil à des coûts imbattables (débroussaillage-élégage, paysagistes, CUMA) si on se donnait la peine de les solliciter après avoir fractionné les lots.
Dans Ouest-France du 17 octobre 2012, à propos du plan pour le Centre-Ouest Bretagne, on voit que la Région estime que les 85 000 prises coûteront 2 000 euros pièce.
Cela paraît trop élevé, car, en secteur rural, avec des procédés simplifiés, le coût ne devrait pas dépasser 700 à 1 200 euros la prise raccordée.
C'est dire qu'il y a de la perte en ligne au détriment des contribuables bretons.
Ainsi, la Communauté de communes du Yeun Ellez, l'une des plus pauvres de Bretagne, aura 450 euros par prise à débourser et les usagers paieront 180 à 260 euros.
C'est un toboggan magique pour que l'allumage des prises mette encore plus d'années que les 5 ans de travaux prévus.