Nouveau concept politique que nous évoquions dans l'ABP du 8 février 2015, la dé-latéralisation droite-gauche est apparue en Grèce à l'issue des dernières élections. Elle a conduit à une alliance entre la gauche dite radicale Syriza, soutenue par les deux Fronts français de Gauche et National et la droite radicale du parti "les Grecs indépendants", parti allié du parti "Debout la France". En France, pour justifier ce fait, une responsable du Parti de gauche reconnaissait le besoin de construire "des outils politiques qui dépassent la latéralité droite-gauche".
Concept emprunté à la biologie humaine et animale, la latéralité (ou latéralisation) est, rappelons-le, l'importance du sens droit-gauche du corps dans la position ou le fonctionnement de certains organes ou membres. L'importance du sens droite-gauche du corps politique, cette latéralité droite-gauche peut donc être dépassée pour gouverner les peuples.
La dé-latéralisation redéfinit les classes politiques. De ce fait, réapparaissent des catégorisations politiques un peu oubliées comme démocrates, républicains et populistes (voir schéma) qui pourraient préciser, mieux que les catégories gauche et droite, les orientations politiques des citoyens d'aujourd'hui. Très succinctement, la classe populiste regroupe les personnes des droite et gauche extrêmes apportant leur soutien direct à un leader charismatique, la classe républicaine rassemble les personnes de droite et de gauche qui reconnaissent un rôle essentiel à un État et la classe démocrate réunit les personnes de droite et de gauche qui considèrent que la souveraineté appartient au peuple.
Le concept semble faire son chemin puisque dans un certain nombre d'Etats-Nations européens, ces alliances se multiplient. Les Allemands ont, les premiers, montré l'exemple: c'est une alliance plutôt démocratique CDU-SPD qui gouverne actuellement l'Allemagne. Mais ces alliances peuvent prendre des allures plus populistes comme en Grèce, comme en Autriche où l'extrême droite est de retour... par la gauche. Le parti FPÖ revient au pouvoir par la petite porte des régionales. Il a annoncé sa participation à une coalition dans l'est du pays. Et c'est la gauche qui lui a tendu la main. Comme en Finlande, au Danemark. En France, l'ex-ministre socialiste, Jean-Pierre Chevènement appelle à une sorte d'alliance d'idées allant de la gauche de la gauche au souverainiste de droite, Nicolas Dupont-Aignan. En Espagne, le responsable de Podemos, le parti frère du parti grec Syriza, s'oppose au clivage droite-gauche et veut en faire un parti transversal pour gagner les prochaines élections." L'union populaire n'est pas l'union des partis mais l'union des gens" dit-il. Sa stratégie est claire: "Nous ne voulons pas nous positionner dans un espace, une sorte de coalition de gauche, où l'on ne peut pas gagner les élections".
Du côté des nations sans Etat, il en est de même. Le Québec l'a déjà fait. En Catalogne, les partis indépendantistes catalans de droite et de gauche feront liste commune pour les prochaines élections régionales. Il semblerait aussi qu'en Bretagne le dépassement de cette latéralité par les partis bretons soit à l'ordre du jour. En Loire-Atlantique, quatre mouvements bretons MBP, PB, UDB et BREIZHISTANCE se sont alliés pour les prochaines élections régionales. En Bretagne administrative, la plateforme OUI LA BRETAGNE réunit aussi trois mouvements bretons MBP, PB et UDB. Ces nouveaux espaces politiques regroupant les forces progressistes et démocratiques bretonnes sont les garants dans un premier temps de l'obtention d'une représentation à l'assemblée régionale et dans un deuxième temps d'une victoire politique amenant comme en Ecosse, au Québec et en Catalogne à un véritable pouvoir breton.
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