Depuis le jeudi 21 juin, l'Union fédéraliste des communautés ethniques européennes ou FUEN tient son congrès annuel à Leeuwarden en Frise (nord de la Hollande), la capitale du Pays Frison, une minorité nationale qui a sa propre langue parlée par 300 000 personnes.
Créée en 1949 à Paris par un Breton, Joseph Martray, la FUEN est la plus grande organisation au monde vouée à la défense des minorités nationales. Elle rassemble plus de 40 minorités nationales sur 90 en Europe dont certaines en dehors de la CEE. La FUEN est dotée d'un statut participatif auprès du Conseil de l’Europe depuis 1991 et d'un autre auprès de l’Organisation des Nations Unies (ONU) depuis 1995. Ferdinand de Varennes, le rapporteur spécial des Nations Unies pour les minorités nationales, est présent à ce congrès. ABP l'a interviewé.
La Bretagne aujourd'hui n'est plus représentée à la FUEN en tant que membre à part entière. Durant 40 ans, Per Le Moine a représenté la Bretagne, souvent à ses propres frais, mais depuis plusieurs années, il ne peut plus s'y rendre vu son âge avancé. L'Institut culturel de Bretagne assure toutefois une présence à ces congrès annuels, un formidable lieu de rencontre de militants qui veulent changer l'Europe.
Les Bretons connaissent surtout la FUEN depuis l'année dernière, à l'occasion de l'initiative européenne pour les minorités nationales ou en anglais the Minority Save Pack Initiative. Cette initiative, dont le but est de forcer une loi européenne de protection des minorités nationales, avait besoin d'un million de signatures pour être valide et en a rassemblé un million trois cent mille. La France n'a fourni que 10 000 signatures principalement à cause d'un blackout des médias dits "nationaux" et aussi de la presse régionale qui a divulgué ces informations seulement deux jours avant la date limite, après avoir constaté que les signatures collectées allaient dépasser le million.
Dans son discours d'introduction, Lorànt Vincze, le président de la FUEN s'est réjoui de la victoire de l'initiative citoyenne mais a prévenu que le chemin vers un débat et une loi au Parlement de Strasbourg allait être semé d'embûches en raison principalement de l'opposition de la Commission européenne qui, comme nous le savons tous, ne représente pas les citoyens européens, dont un sur sept appartient à une minorité nationale, mais représente les intérêts des états-nations qui composent la communauté européenne. La FUEN pense que la situation sera probablement plus favorable après les élections européennes de 2019 et l'arrivée probable d'une nouvelle Commission bien plus encline à écouter les citoyens.