Nous étions déshabitués de la crise et du chômage en Bretagne. Les voilà qui reviennent en octobre et s'apprêtent à passer l'hiver dans notre pays.
Depuis plusieurs mois, alors que la France ne cessait de détruire de l'emploi, la Bretagne en créait et surnageait sur les vagues de la crise. En septembre, alors que la Haute-Bretagne se laissait gagner par une légère montée du chômage, la Basse-Bretagne continuait à tirer la croissance du pays ( voir notre article )
En France, le chômage (catégorie A) croît de 1,2 % en octobre, après avoir déjà augmenté de + 0,9 % en septembre. Sur un an, la hausse du nombre de chômeurs approche les 5 %. Le nombre des chômeurs inscrits dans les catégories B et C (en activité réduite) reflue un peu.
En Bretagne, il y a dans les 4 départements de la région administrative 2.260 chômeurs en plus ; avec 6.000 chômeurs supplémentaires sur un an, la hausse se chiffre à 5,4 %. Le Finistère résiste encore, et la hausse n'y atteint que 0,5 %. Mais dans les Côtes-d'Armor, la hausse atteint 2,6 %, et 3 % dans le Morbihan. L'Ille-et-Vilaine voit sa situation se dégrader aussi, avec + 2,1 % de chômeurs. En Loire-Atlantique, cette augmentation est nettement plus modérée, avec + 1,3 %.
Concrètement, il y a 530 chômeurs (de catégorie A) de plus dans les Côtes-d'Armor, 180 de plus dans le Finistère, 740 en Ille-et-Vilaine, 810 dans le Morbihan et 633 en Loire-Atlantique. Le Finistère confirme donc sa bonne résistance. En tout, la Bretagne gagne près de 3.000 chômeurs (2893) et il y a désormais 166.851 chômeurs de catégorie A dans le pays. En tout, la hausse sur un mois s'établit à 1,76 % : une forte hausse, certes, mais assez loin de l'« augmentation en flèche », n'en déplaise au Télégramme.
La crise fait donc son retour après avoir laissé plusieurs mois de répit à la Bretagne et à une grande partie de l'Europe. Deux raisons peuvent expliquer la dégradation de l'emploi en Bretagne. D'une part, la multiplication des licenciements économiques au sein des PME, mais aussi des grandes entreprises françaises qui mettent en place des coupes sombres dans leurs emplois. D'autre part, la Bretagne tend de plus en plus à former un système économique distinct de celui de la France, et bien plus performant par ailleurs. De plus, dans un petit pays, les évolutions sont plus brutales et plus rapides. Surtout, la Bretagne se fait rattraper par le fort ralentissement, voire la récession prochaine, de la France. Et ce alors que ses voisins et débouchés alternatifs ralentissent eux aussi (Allemagne, Royaume-Uni) ou s'enlisent dans la crise (pays du sud de l'Europe).
Dans les prochains mois, rien ne laisse présager une quelconque amélioration de la situation sur le front de l'emploi. Les PME prévoient déjà, notamment dans l'agroalimentaire, l'arrêt ou le ralentissement de leur production http://www.rennes.lemensuel.com/actualite/article/2011/10/25/licenciements-a-axiane-meunerie-les-salaries-manifestent-10144.html et l'industrie souffre elle aussi, notamment en Basse-Loire (Arcelor, STX). Des mesures de chômage partiel, puis de licenciement des intérimaires sont donc à prévoir d'ici la fin de l'année. Dans le même temps, l'OCDE prévoit un quatrième semestre 2011 et un premier semestre 2012 dans le rouge en France, tout en indiquant que la « récession serait de courte durée ». On peut donc légitimement espérer, en Bretagne, une amélioration de la situation à partir du printemps 2012 et un redémarrage prompt nourri par la croissance des besoins et de la démographie dans l'ensemble du pays.
Louis Bouveron