Le 11 janvier prochain à Vannes, l’ICB organise une journée de réflexion sur l’émancipation de la Bretagne sur le plan juridique (ICE -le matin ), stratégique et politique. L’après-midi, se tiendront deux tables rondes sur la politique linguistique et la réunification de notre territoire, soit les deux principales revendications bretonnes. Sont invités tous ceux qui s’intéressent à l’émancipation de la Bretagne, qu’ils soient militants culturels ou politiques.
Ce sera l’occasion d’avoir enfin un vrai débat, entre militants, sur les questions qui dérangent le plus, à savoir les échecs de nos stratégies passées. Nous avons échoué ! Sans doute avons-nous commis l’erreur de croire que le salut nous viendrait du PS, et de le suivre, espérant le grand soir. Or nous avons été trahis en 2014 sur la réforme territoriale et nos langues sont en train de mourir faute de véritable politique linguistique.
En cette matière, ce sont les chiffres qui commandent. La politique linguistique actuelle de la région, n’est qu’un alibi. Nous sommes les plus mauvais avec 3% d’enfants scolarisés en classe bilingue contre plus de 50% désormais pour les enfants basques. Les choix n’ont pas été les bons et la région refuse de s’interroger sur les raisons de cet échec, conservant un optimisme de façade qui induit en erreur les Bretonnes et les Bretons. Aucun effort sérieux n’est fait en matière de formation des professeurs. Cette non politique traduit un manque de volonté évident. L’objectif naturel de généralisation de l’enseignement de nos langues à nos enfants n’est pas envisagé par nos élus, qui ne consacrent même pas à cette politique 1% du budget de la région.
A ce rythme-là, il nous faudrait des siècles pour rattraper le pays basque nord. C’est sur ce renoncement, qui pour moi est historique, que j’ai voulu attirer l’attention du plus grand nombre dans la « lettre à ceux qui ont renoncé à la Bretagne ».
Nous, militants bretons, nous ne devons pas entériner ce renoncement. Nous avons aussi notre part de responsabilité.
Si nous avons échoué, c’est sans doute d’avoir trop suivi le pouvoir PS en place, plaçant ainsi le mouvement breton sous la mouvance d’une formation politique aussi jacobine que les autres, lui accordant, sans le moindre effort de sa part, un solide quitus breton. Il est vrai que Jean Yves Le Drian a su, avec habilité, subjuguer un grand nombre d’entre nous, à très peu de frais.
Tirons aujourd’hui les leçons de nos échecs. Le mouvement breton ne semble plus en mesure d’organiser de grande manifestation. Il ne s’est rien passé depuis des années. Tout ce qui bouge encore en Bretagne et manifeste une volonté réelle d’émancipation, vient des marges et de manière trop désordonnée, sans doute.
Il n’y a plus d’unité de pensée et d’action. Alors, débattons, entre nous. Quelles que soient nos divergences, mais débattre !
En 2006, le mouvement breton avait organisé une ou deux journées de réflexion sur le sujet. Nous en avons grand besoin aujourd’hui.
Il est temps, je crois, de remettre la pression sur le lieu emblématique où devrait se situer la volonté d’émancipation bretonne, à savoir la région Bretagne. Car c’est là où se situe précisément le renoncement le plus coupable. Il est normal que l’Etat français renonce puisqu’il n’a jamais voulu. Le renoncement du Conseil régional est autrement plus préoccupant. La région ne mène que des politiques alibis, donnant le sentiment que les choses avancent alors que la Bretagne est en passe de sortir de l’Histoire.
Les vrais fossoyeurs de la Bretagne ne sont pas à Paris, mais à Rennes.
Si nous en parlions un peu, ce samedi 11 janvier 2020 à Vannes ?
Yvon Ollivier
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