Cette semaine, la presse nous apprend que Dizale va s'installer à Quimper avec l'appui enthousiaste de la ville et de l'agglomération de Quimper. Pour mémoire, Dizale, l'organisme de doublage en langue bretonne, était installé à Lorient au sein du défunt pôle audiovisuel et fut quelque peu poussé à partir s'installer dans des locaux provisoires à Plouharnel. Bien que souhaitant rester sur Lorient, Dizale n'a trouvé aucun véritable relais au sein des élus lorientais et la mairie a laissé filer Dizalesans problème.
Cette malheureuse histoire est la dernière en date de toute une série de reculs en matière de langue et de culture bretonnes à Lorient : disparition de la langue bretonne à la Cité de la Voile, recul des aides financières à Emglev, charte Ya d'ar Brezhoneg suivie a minima. Ces reculs sont en fait la conséquence de l'absence d'une véritable politique de promotion de la langue et de la culture bretonnes au sein de la municipalité actuelle, absence qui se ressent dans tous les domaines et dont les conséquences sont visibles au niveau culturel, éducatif, patrimonial, musical.
Lorient dans les années 1990, à l'époque de Jean-Yves Le Drian, a porté une politique ambitieuse en la matière qui a fait de Lorient un exemple alors en Bretagne. Depuis, notre ville est à la traîne loin derrière Vannes ou Quimper, et même est dépassée par Ploemeur, Lanester ou bientôt Quéven....
Cette situation est le fait de la mairie depuis deux mandats, c'est le fait d'élus qui considèrent la langue et la culture bretonnes comme folkloriques devant rester dans une sorte de ghetto bien gentil laissant les vraies questions, la vraie Culture avec un grand C aux gens sérieux. Ils ne le diront pas publiquement mais ils le suggèrent au détour de telle ou telle réunion.
Alors bien évidemment avant chaque élection, les mêmes sont obligés de faire quelques vagues promesses en la matière qui retombent dans les oubliettes aussitôt les élections passées, comme ce Ti ar Vro qui aurait dû voir le jour il y a des années mais qu'on fait miroiter en permanence pour calmer les ardeurs revendicatrices.
Grâce au Festival interceltique, grâce à Emglev et aux dizaines d'associations, la langue et la culture bretonnes survivent quand même à Lorient mais ceci en dépit d'élus qui n'ont rien compris à l'atout que cela aurait dû représenter pour notre ville . Il y a bien longtemps, Lorient se considérait comme la capitale du monde celte, ce n'est plus désormais qu'un vieux rêve dénué de réalité du fait d'élus incapables de sortir des normes culturelles officielles.
Lamentable, je suis triste pour ma ville et je ne peux conclure que par un "Secouez-vous !" un peu musclé. Ça ne peut pas continuer comme ça.
Jacques-Yves Le Touze, ancien conseiller municipal chargé de la promotion de la langue et de la culture bretonnes