Nous sommes tous un peu sidérés par le danger qui pèse sur l’existence du réseau Diwan et de la langue bretonne, suite à la décision du Conseil constitutionnel.
La Bretagne connaît une situation de crise, et dans le passé, elle a toujours trouvé les ressources de l’unité pour faire entendre sa voix. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Toutes les formations politiques se confondent en protestations d’usages, mais il en sort quoi au final ?
Il faut modifier la Constitution, tout le monde en convient, mais où est le rapport de force qui nous permettra de contraindre l’Etat à y procéder ? Le Pouvoir a le droit pour lui, et il va falloir trouver la force de faire sauter le verrou, pour obtenir une modification de l’article 2 de la Constitution ou un statut particulier pour la Bretagne.
La perspective des élections régionales n’est pas propice à une action unitaire, mais il est des moments où il faut réagir avec force et promptitude sauf à regarder passer le train de l’Histoire.
Après, ce sera trop tard. Après le temps de l’indignation, les énergies s’émoussent.
La position consistant à attendre les élections en espérant profiter de cet égarement de la République en marche n’est pas la meilleure.
Celle qui consiste, pour la République en marche et Le Drian, à rechercher l’apaisement ne l’est pas davantage. Comment imaginer que l’Etat n’applique pas le droit ? Les contrats d’association pourront être dénoncés à tout moment, peut-être même devront-ils l’être dans le cadre d’un contentieux administratif.
Il n’y a aucune clarification à attendre ! L’immersion est hors la loi et c’est on ne peut plus clair.
La Bretagne bénéficie d’une représentation politique. C’est à elle de trouver le ressort de rassembler tous les Bretons pour une réaction si forte que le Pouvoir n’aura d’autre choix que de s’y plier pour modifier l’ordre constitutionnel et donner enfin la place qu’il revient à nos langues. On dit que lorsque les Bretons sont unis, rien ne leur résiste.
Cette épreuve, qui nous place au pied du mur, peut être le moment du sursaut tant espéré pour sortir du marasme actuel où s’abiment nos langues. Surtout, cette crise souligne avec acuité le besoin d’un statut particulier pour la Bretagne. Il serait sot de ne pas en profiter.
Alors, il est où le capitaine ?
Dans la crise, Chesnais-Girard est aussi transparent que dans le quotidien, malgré son agitation sur les réseaux sociaux et les artifices de communication. Il aurait tendance à s’emmêler les crayons, comme en témoigne sa demande hâtive d’une nouvelle lecture de la loi au chef de l’Etat au mépris total de l’autorité de la chose jugée des décisions du Conseil constitutionnel. En droit, on appelle cela une erreur grossière.
Mais il n’est jamais trop tard pour réagir et se situer au niveau exigé par la situation de crise.
Chesnais-Girard pourrait initier une grande mobilisation unitaire du monde politique et associatif breton autour de quelques axes forts. Il serait suivi.
Il pourrait aussi initier un front des régions, puisque l’impact de la décision du Conseil constitutionnel concerne tout le monde et qu’il faut à présent se sortir ensemble de ce guêpier. Il ne serait pas injuste que les Bretons montrent le chemin.
Il pourrait exiger enfin le statut particulier que la Bretagne attend pour s’extirper du système jacobin qui nous étouffe.
Il pourrait surtout affirmer le soutien inconditionnel à Diwan, dans son modèle éducatif, coûte que coûte, quels que soient les interdits juridiques. Voilà ce que tous les responsables bretons doivent affirmer aujourd’hui.
C’est ce que Daniel Cueff vient d’affirmer avec force ce 23 mai 2021.
La Bretagne a besoin d’un capitaine dans la tempête. Nous ne pouvons que déplorer le double jeu détestable des partis qui s’intéressent davantage aux élections qu’à la défense des intérêts fondamentaux de la Bretagne. Ils escomptent juste pouvoir profiter de la situation.
La manif à Guingamp du samedi 29 mai prochain sera une réussite, mais nous savons qu’une manifestation ne suffira pas.
Le cas particulier de Le Drian mérite bien sûr d’être évoqué. Dans une crise pareille, il doit mettre sa démission dans la balance pour obtenir la modification de la Constitution. Y a-t-il seulement songé ?
Plus que jamais, la Bretagne attend son capitaine.
Yvon Ollivier
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