La télévision a ceci de formidable qu'elle donne à des gens qui s'y risquent une image parfois plus expressive et plus parlante qu'une longue déclaration d'intention dont les hommes politiques sont parfois friands.
Mercredi soir, la chaine bretonne Tébéo diffusait un débat sur l'élection présidentielle. Sur le plateau, les différentes forces politiques du Finistère étaient représentées : UMP, PS, Modem, EELV, PCF et la gauche régionaliste par Christian Troadec, maire de Carhaix. Vers la fin de l'émission, Christian Troadec est parvenu à glisser dans le débat, soutenu par Janick Moriceau d'EELV, la question de la réunification de la Bretagne mais aussi de la ratification de la Charte européenne des langues minorisées… et bien entendu celle de la manifestation du 31 mars à Kemper en faveur de la langue bretonne.
La télévision a cela de terrible qu'elle permet aussi de mettre en exergue telle ou telle grimace, moue ou autre signe et mouvement du visage qui en disent long sur le sentiment profond de celui qui ne sait pas forcément qu'une caméra filme sa réaction.
Ce fut sans doute le cas des députés Jean-Jacques Urvoas (PS) et de Jacques Le Guen (UMP) au moment où le maire de Carhaix, Christian Troadec, a évoqué le dossier de la réunification de la Bretagne. Les deux députés se sont fendus d'une moue et d'un sourire entendu dont l'image restera sans doute dans l'esprit de ceux qui sont attachés à la Bretagne. Nous savons que sur ce sujet il n'y a rien à attendre de l'UMP et l'attitude de Jacques Le Guen n'étonnera personne. Pour ce qui est de Jean-Jacques Urvoas (notre photo), il s'est à plusieurs reprises déclaré favorable à la réunification. Sa grimace à l'évocation de ce dossier doit-elle être interprétée comme l'expression d'un certain mépris, d'une gêne, d'un brin de suffisance ou plus simplement d'une indolence dubitative face à un sujet qui ne le passionne guère ou le dépasse ? Une chose est certaine, elle n'était pas l'expression d'un élu qui entend se battre bec et ongles pour que la réunification soit au cœur des débats dans les semaines et les mois qui viennent.