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Législatives 2024 ou la fin de la 5e République
Le choix proposé aux patriotes bretons est le suivant : soit une république ou les citoyens sont la nation, et la seule ; soit une république où il y a une seule langue et une seule nationalité et une seule région : la France.
Par Philippe Argouarch pour ABP le 19/06/24 14:36

L'échec de Macron sur le problème de l'insécurité, lié en très grande partie à une immigration incontrôlée dans un contexte de désindustrialisation, est la cause de la tragédie qui se prépare. La solution était pourtant très simple. Il suffisait de passer une loi comme celle qui existe aux Etats-Unis. Pas plus de 7% d'immigrants venant du même pays. C'est la seule façon d'éviter la ghettoïsation et les communautés ethniques, et donc l'échec de l'intégration pour beaucoup de ces immigrants. C'est la disproportion d'immigrants venant d'Afrique du Nord, légalement ou illégalement, conjuguée avec le manque de contrôle aux frontières depuis la création de l'espace Schengen qui ont créé ce problème d'insécurité en France, mais pas que, et a fait monter le RN.

Ce n'est pas uniquement l'échec de Macron, mais c'est aussi l'échec de la république car la Loi Immigration intégration asile du 26 janvier 2024 a été limitée par le Conseil constitutionnel, donc par les fondations même du système républicain français (et aussi des lois européennes). Le rêve, tout à fait respectable, que la citoyenneté dotée de liberté, égalité, fraternité prévaudrait ad vitam aeternam sur la nationalité a échoué. La dure réalité des faits, divers ou pas, mais surtout divers, amène le RN au pouvoir. La nation citoyenne est aussi menacée par les migrations climatiques, la surpopulation africaine, les réfugiés causés par les guerres de plus en plus nombreuses et la déplétion mondiale des ressources. Il y a maintenant 3 classes de citoyens : les citoyens avec papiers, les citoyens sans papiers et les citoyens avec papiers mais qui refusent la France.

Le RN n'est que le retour à une république basée sur la nationalité, la nationalité française bien sûr, avec son droit du sang, ses préférences nationales, mais aussi, et c'est le revers de la médaille, son suprémacisme : la France d'abord. La France d'abord n'est pas bon du tout pour la Bretagne, encore moins pour la langue bretonne. Finis les rêves d'autonomie que certains d'entre nous avaient cru possibles dans le contexte de celle accordée à la Corse. Le choix proposé aux patriotes bretons est le suivant : soit une république ou les citoyens sont la nation, et la seule ; soit une république où il y a une seule langue et une seule nationalité. Pour nous Bretons, c'est la même négation de notre réalité.

Sur les 5 départements bretons et les 38 circonscriptions, le RN présente 38 candidats. Le Nouveau Front Populaire, les grands champions de la république citoyenne et partageuse - de gré ou de force - est présent dans 30 circonscriptions sur 38, 19 circonscriptions pour LFI, soit deux tiers des candidats, 7 pour le PS, 7 pour les écologistes 4 pour le PC, 0 pour l'UDB, le dindon de la farce. Quoiqu'il arrive, l'Assemblée nationale sera dominée dès juillet prochain par des nationalistes français, des partisans d'une République une et dure, indivisible et sans concession. Même l'autonomie en Corse sera remise en cause. La France insoumise, favorable à la soumission des autres, des Corses et des Bretons, dominera l'hémicycle avec le Rassemblement national qui, lui, préfère supprimer les régions que les départements.

LFI et RN se rejoignent aussi sur un anti-américanisme primaire très dangereux, à un moment où toute l'Europe est menacée par les délires expansionnistes de Poutine. Mélenchon comme Marine Le Pen ont une certaine sympathie pour ce criminel de guerre. La situation géopolitique peut tourner au pire si Trump revient à la tête des Etats-Unis, ce qui affaiblirait l'OTAN. Finalement, ils se rejoignent aussi sur l'illusion du souverainisme, la peur du fédéralisme européen et encore plus du fédéralisme en France. Le souverainisme de la France, aujourd'hui incapable de fabriquer des semi-conducteurs ou des géants de l'internet, est une illusion. On ne peut pas être souverain quand ces productions essentielles viennent de l'étranger et que la dette publique de 3 101 milliards est détenue par des puissances étrangères. Dans le cas de l'abaissement de l’âge de la retraite et de l'augmentation démesurée du SMIC, les agences de notations réagiront et ce sera la fin des haricots.

La Bretagne aura-t-elle alors une occasion de sortir son épingle du jeu ?

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logo Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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