La session du 9 avril 2020 du Conseil régional de Bretagne nous montre ce qu’est un pouvoir servile. Une seule chose importait : la capacité d’un Pouvoir breton à exister en temps de crise sanitaire et à poser à l’administration - l’ARS- les vraies questions qu’attendent les Bretons : Quand la Bretagne sera-t-elle touchée par la vague, quelles sont les capacités de nos hôpitaux en termes de réanimation et en cas de vague haute, quelles solutions sont envisagées pour faire en sorte que nos anciens n’aient pas souffrir d’un refus « pragmatique » de soins ? Voire même, la région Bretagne pourrait-elle agir fortement au soutien du dispositif de santé d’une manière ou d’une autre ?
Certains conseillers dont Marc LE FUR ont sollicité la présence du responsable de l’ARS afin qu’il s’exprime sur les sujets d’importance devant la représentation du peuple breton. La majorité politique au Conseil régional -socialiste et en marche- a refusé que les vraies questions soient posées devant l’assemblée du Conseil régional afin de ne pas porter ombrage au pouvoir en Place à Paris.
C’est en situation de crise que se révèle la nature d’un Pouvoir. La crise confirme ce que nous savions déjà : le Pouvoir en Place à la région n’est qu’une émanation du pouvoir parisien et du système national, lequel repose sur le centralisme. Nous ne disposons pas d’un Pouvoir breton capable de défendre nos intérêts. Nos élus à la région considèrent qu’il revient à Paris de le faire, et l’on sait bien ce qu’il en est depuis des siècles. La Bretagne n’est qu’une variable d’ajustement sur tous les plans y compris sur le plan humain. L’opéra de Paris bénéficie d’un budget de plus de 250 millions d’euro , nos langues de Bretagne : 8 millions d’euro. Cherchez l’erreur ! Mais pour la majorité du pouvoir régional, tout va pour le mieux. Aucune velléité d’émancipation, aucune, si ce n’est le verbiage à la mode, comme la différencialisation pour faire croire aux vertus de la décentralisation et qui disparaîtra d’elle-même comme feu le principe de subsidiarité, feu le principe d’expérimentation.
Nul n’ignore la marginalisation institutionnelle des régions française, mais la situation de crise pouvait être révélatrice d’un autre Pouvoir régional. « Est souverain qui décide de la situation exceptionnelle » pour reprendre le fameux adage d’un juriste tristement célèbre. Nul n’est tenu de rester dans l’inaction. Constatons la résignation de ce Pouvoir régional. Tout le reste est secondaire : une subvention aux entreprises, l’achat de masques trois mois après l’apparition de l’épidémie, une plate-forme internet regroupant producteurs consommateurs de produits locaux. Bien sûr, ça va dans le bon sens, mais là n’est pas l’essentiel. Un pouvoir se définit aussi par ce qu’il ne fait pas. Et en temps de crise, le pouvoir régional de B4 est inexistant. Pire encore, il est un pouvoir servile au bénéfice du Pouvoir parisien. Au lieu d’exprimer ce qui vient de la base, il agit en regardant vers le haut, pour être bien sûr d’agir en conformité avec ce que souhaitent les puissants. La réélection en dépend largement.
Et si nous disposions enfin d’un vrai Pouvoir breton ? Mais avant cela, il faudra déjà disposer d’élus capables de dire les choses et de poser les questions qui fâchent.
Yvon Ollivier
Auteur
Carl Schmitt : Juriste Allemand de confession catholique devenu le juriste officiel du nazisme entre 1933 et 1936.